might brank | the masks @ le périscope (fr)
Vous entendez des voix ? C’est rien, c’est juste le nouveau Might Brank
ou quelques questions à Emmanuel Scarpa
Mieux vaut être seul que mal accompagné dit-on. Le projet solo du batteur Emmanuel Scarpa en a décidé autrement : mieux vaut être seul et bien accompagné, grâce aux musiques polyphoniques. En effet pour ce deuxième album sous le nom de Might Brank, Emmanuel Scarpa s'empare d'une multitude de voix pour remonter jusqu'aux origines des ces compositions médiévales. Un retour aux sources détonant dans notre paysage musical, qui nous permettera surement deux choses : profiter d'un disque de qualité, tout en se couchant moins bête ce soir. A cette occasion, nous avons échangé quelques mots avec le personnage principal de cet album pour en savoir un peu plus sur la génèse de ce projet canon (jeu de mot que vous comprendrez uniquement en lisant l'interview)
Hello Emmanuel. On te connaît sous plusieurs projets, peux tu nous dire la place qu’occupe aujourd’hui ce solo parmi tes différents groupes ?
Aujourd’hui une place centrale, mais alors je n’aurais pas prédit une chose pareille il y a encore quatre ans. Jusqu’à la naissance de ce solo j’envisageais la composition de manière totalement isolée de ma pratique de la batterie. Depuis que je nourris ce solo, un certain nombre d’idées partent de mon instrument, chose que je ne faisais pas avant alors que ce procédé me paraît assez naturel et surtout très répandu. Je pense que je fais une musique moins mentale à présent… ce qui ne veut pas dire moins complexe mais plus ressentie, plus habitée en quelque sorte.
On retrouve dans Might Brank une de tes marques de fabrique, une certaine obsession créative pour les musiques médiévales et polyphoniques. Qu’est ce qui ce qui te pousse vers ces registres et quels avantages en tires tu au niveau de la composition ?
J’ai de mémoire toujours été attiré par les musiques polyphoniques de manière générale, qu’elles soient issues des musiques écrites ou orales, mais c’est vrai que j’ai pas mal bloqué ces derniers temps sur la musique médiévale… Tout est parti je crois de ma fascination pour le canon (tu sais Frère Jacques ?), et bien à force d’en écrire (et d’en boire) j’ai eu envie de savoir à quel moment a été écrit le premier canon, en tout cas le premier dont on a encore la trace, et j’ai fait des découvertes fantastiques dans les 13e et 14e siècles. Notamment avec quelque chose que je pensais être une de mes marques de fabrique justement, qui est un canon assez particulier, et qui en fait existe depuis 600 ans… Se cultiver un peu apprend l’humilité beaucoup (rires)
Question piège, que trouve-t-on dans cet album qui manquait peut-être dans le premier ?
Question piège en effet, car je n’ai aucun recul. Le deuxième album est dans la continuité du premier, mais avec un peu plus de voix, un peu plus de gong et un peu plus de « spirit » si je puis dire
Cet album sort chez Coax & Carton records. On sait que tout n’est pas rose pour les labels indés qui font de la production à petite échelle en ce moment qui font un vrai travail en finesse, proche de l’artisanat. Un mot en tant qu’artiste sur l’importance de ce genre d’acteurs dans le parcours d’un·e artiste ?
Le travail que font ces labels indépendants est essentiel, voire crucial. Ils tentent contre vent et marée de faire découvrir autre chose que ce que propose – martèle je devrais dire – le média dominant, et tout ça avec une économie hyper fragile face à l’industrie du disque. Sans parler du fait que le cd est en voie de disparition, et que pour avoir de la visibilité sur Spotify ou Deezer, il faut investir beaucoup, du coup ces labels se tournent vers Bandcamp, qui est sans doute la plateforme la plus éthique, mais que personne ne connaît. Enfin si, tous les musiciens et les geeks de la planètes connaissent (rires), ce qui doit se résumer à 0,5 % de la population. Du coup pour finir de répondre à ta question, dans mon parcours et celui de plein d’autres, sortir un album sans l’aide précieuse de ces labels, ce serait juste comme envoyer un mail à ses potes pour dire : « ouééé, ya un nouveau cédé qui sort ! »