delphine dora @ revue & corrigé

« Nouvel opus de Delphine Dora construit autour d’un poème de Novalis « Cantique Spirituel », comme un point de basculement qui emporte sa musique dans un romantisme sombre ; les notes égrenées sur le piano se perdant dans un dédale rêveur, jouant entre lumières et ombres. Delphine Dora s’est entourée d’Andrew Chalk (orgue, guitare, basse) et Jean-Noël Rebilly (clarinette) pour accompagner son spleen musical, lui offrir des habits soignés. On songe à l’école anglaise apparue à la fin des seventies, aux albums parus sur Obscur Records, ceux de : Gavin Bryars, Harold Budd, Jan Steele, Brian Eno, pour évoquer la musique que referme cet album, Erik Satie aussi mais qui se laisserait aller à l’improvisation. La présence d’Andrew Chalk à la production n’y est pas étrangère, notamment sa complicité passée avec David Jackman qui fit parti du Scratch Orchestra. Brian Eno essayait à la suite de John Cage, de redéfinir les contours du musical, de proposer un espace/temps à habiter – ce que la critique définira comme musique ambiante – le substituant à cet objet défini temporellement issu de la composition, comme un objet sonore fini sur lui-même, séparé. Pour autant Delphine Dora contrairement à ses ainés ne propose pas une musique fonctionnelle, n’est pas dans une distance intellectuelle, objective, mais se laisse conduire par l’émotion, l’écoute, le son dans sa beauté imaginative. On rentre dans sa musique comme dans une chambre close, se laissant conduire par sa main, les notes nous prennent en elles. Novalis disait que : « Plus une chose est poétique, plus elle est réelle », la musique est sans doute la forme que prend l’Art qui touche le plus au poétique. La musique de « As Above, so Below » est un poème sans mot, qui émerveille, une fenêtre sur un monde rêvé qui s’éloigne de nous, de jour en jour, pris dans la tourmente du temps. »

reviewSeb Brundelphine dora