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tatiana paris | gibbon @citizen jazz

Gibbon est un omni, un objet musical non identifié. En l’écoutant, on ne sait trop s’il est l’œuvre d’une guitariste, d’une chanteuse, d’une plasticienne sonore, d’une poétesse. Un petit peu tout çà à la fois, sans doute, et peut être plus encore. Ce que l’on sait en revanche c’est qu’il est l’œuvre de Tatiana Paris, musicienne quarantenaire basée à Tours que l’on a pu récemment entendre dans le Red Desert Orchestra d’Eve Risser. Gibbon est un solo pour guitares, objets et cassettes. Tatiana Paris bricole et collecte des sons qu’elle passe à la moulinette de son imagination foisonnante. C’est à la fois brut, minimal et très poétique. Avec toujours beaucoup de cœur à l’ouvrage. Sincérité du geste musical. Le disque est court (sept titres pour à peine 20 minutes). Et alors ? C’est un concentré de plaisir. Une perfusion d’adrénaline. Puissant et addictif. Vite la suite.

Seb Bruntatiana paris
tatiana paris | gibbon @ drame (fr)

Objet difficile à ramasser. C'est ainsi que Cocteau voyait son œuvre. Ce sont évidemment celles que je cherche à débusquer au fil de mes pérégrinations. J'ouvre les yeux, je tends les oreilles, je me lèche les babines, je mets mon nez au vent, caresserais-je un vain rêve ? Alors je laisse de côté ce disque pour plus tard, si jamais me vient l'inspiration. Je le reprends, le repose, l'insère. Ce Gibbon m'aurait-il glissé une peau de banane ? J'ai marché trois jours dans la forêt primaire, emprunté des tyroliennes dont la plus longue mesurait un kilomètre à 150 mètres de haut au-dessus de la vallée et n'ai pas vu un seul de ces grands singes. Mais le troisième matin je les ai entendus, là, tout près, dans la brume de l'aube. Qu'y a-t-il de commun avec cette guitare électrique martyrisée, ces voix dans le radio-cassette, ces effets électroacoustiques aussi décapants que fragiles, cette chanson délicate ? Rien et tout à la fois. Le goût de l'aventure. L'observation des autres, ici un rouge-gorge amateur de farine, une murène, un type avec un drôle de blaze, une fille, et le fameux gibbon qui donne son titre au disque de Tatiana Paris. Les cordes de sa guitare sont frappées comme un cymbalum, le filetage des cordes est gratté, frotté, l'électricité offre la distorsion, ça pince. Pourquoi pense-je à Satie ? Peut-être parce que c'est court, faussement simple. 21 minutes 27 secondes. Pourtant tout y est.

Seb Brungibbon, tatiana paris