France-Galles, troisième du nom. Mieux que des sucettes à l’anis, mieux qu’un 41-28 en fin des 6 Nations. Voici une transverse Brest/Pays de Galles où évoluent Boris Boublil, leader-rêveur de ce Mù de 9 âmes bien faites, et John Parish, premier des seconds rideaux du post-rock depuis une paire d’années. Le premier a ciselé les partitions de ce 93 Manifesto, le second en a remanié le son et les atmosphères. Sort de cet entrelacs 11 plages, intenses, languides et nonchalantes. Boublil nomme cela « mélancolie positive », c’est pas mal, c’est joli comme idée. Ajoutons, si on doit ajouter quoi que ce soit à un rêve fait mille fois par son auteur, « élégie impatiente ». L’âme a, ici, ce qu’il convient de bleu à tout artisan-poète mais, il y a aussi du noir, du clair-obscur, dans la noise réfractaire de El Dia De Los Muertos par exemple. Il y le cuivre solaire de la danse imparable des Penguins, aussi. Et dix autres, et cent autres climats et couleurs. Qu’ils soient dûs à des gens qu’on aiment beaucoup ici, Morgane Carnet, Robin Fincker, Sacha Toorop, qu’ils soient le fait de cet assemblage imparable après l’écoute des 11 titres façonnés, avec un soin audible, aux gallois studios Rockfield. Là, où on peut voir, parait-il les berges d’une France rêveuse et positive, aperçues sur Bristol Hotel.
Boris Boublil et le collectif Mù viennent de sortir 93 Manifesto, un album qui fait le grand pont entre rock et jazz pour un résultat très concluant. On fait plus ample connaissance avec le pianiste à travers une sélection d’albums de son choix.
Boris Boublil
© Vaidehi Nota
5 disques du moment :
Kim Gordon : no home record
Découvert pendant le confinement, no home alors qu’on était pourtant bien enfermé à la maison, ce disque m’a happé de part sa créativité, sa musicalité, Kim Kordon du haut de ses 66 ans à l’époque et toujours la rage au ventre, c’est brut, très rock. C’est beau !
Jonny Greenwood : The power of the dog
Musique originale pour le film de Jane Campion, magnifique film, aux premières notes de violoncelle joué comme un banjo de ce superbe film, on reconnaît la pâte de cet excellent musicien compositeur. Pas trop heureux de voir que c’est une exclusivité Netflix, néanmoins, j’adore le cinéma de Jane Campion, la photo est splendide et la musique de western qui n’est pas une énième copie du maître Morricone, souligne la gravité du propos, j’adore. Et la musique s’écoute absolument aussi toute seule, je trouve ce Jonny Greenwood complètement inspirant.
Talk Talk : Laughing stock
De passage à Marseille il n’y a pas très longtemps, jouant à l’Espace Julien avec la merveilleuse Nadine Khoury, je suis passé chez le disquaire qui se trouve juste en face (c’est devenu une drogue, car chaque ville où les tournées me portent, je me retrouve très souvent entre les balances et le concert chez les disquaires ) je rentre donc dans la boutique, et me retrouve en 10 secondes nez à nez avec le disque de Mark Hollis « Mark Hollis » en vinyle et j’étais fou, j’adore ce disque, et il manquait à ma collection de vinyles. En rentrant à la maison je l’ai écouté, toujours aussi beau, puis voulant rester dans le mood, j’ai écouté ensuite « the Laughing Stock » de Talk Talk, que j’ai finalement trouvé beaucoup plus puissant, la musique Mark Hollis, me porte énormément, me transcende, me berce, ce disque est presque un disque de toujours, mais c’est aussi un disque du moment, je le met là car je ne saurais choisir un disque de Talk Talk pour toujours, tellement ils sont tous beau.
Lonny : Ex Voto
C’est pendant le tournée d’Emily Loizeau pour le disque Icare, que j’ai rencontré Lonny, j’aime beaucoup aller écouter aux portes et découvrir les musiciens avec lesquels nous partageons la scène. Et je dois dire que Lonny est extraordinaire, sa voix, ses mélodies, ses textes, tout m’a bouleversé, ça faisait longtemps que je n’avais pas entendue une chanson folk en français si aboutie. Nous nous sommes donc échangés nos disques, et le siens tourne régulièrement sur ma platine.
Timber Timbre : creep on creepin’ on
Ca faisait très longtemps qu’on me parlait de Timber Timbre que je m’étais mis pour je ne sais quelle raison à bouder sans même connaître, peut être car ce fut pendant un instant, un phénomène de mode dont tous le monde parlait, et que souvent par orgueil mal placé, je décide ne pas être pressé de découvrir. Finalement, je découvre ce groupe à un dîner chez John Parish à l’issue du mix de Playing Carver, le disque joue dans la cuisine et ça passe au dessus des conversations, Je lui demande ce que c’est : Timber Timbre. C’est très beau, gothique et rock, le slap back permanent, les réverbérations à ressorts, un son qui me touche particulièrement. Depuis je pensais avoir tout leurs disques mais c’est à Toulouse ( chez le disquaire ) que je me rends compte qu’il me manque « Creep on creepin’ on » qui vient d’être rééditer.
5 disques pour toujours :
Davis Bowie : Ziggy Stardust
J’ai 13 ans en 1993, ma sœur en a 17, elle écoute ce disque, je l’entends, je suis complètement affolé, je lui pique le disque et l’écoute en boucle. J’avais déjà découvert David Bowie, sur MTV qui passait Ashes to Ashes (qui est pour moi la chanson la plus belle du monde) mais là Ziggy Stardust, le glam rock à l’état pur, le personnage, le piano, la guitare, c’est dense, c’est rock, c’est poétique. Ce disque ne me quittera jamais
Bach : les variations Goldberg Glenn Gould version 1981
Mes années passées au conservatoire de Fontenay-sous-Bois, j’y apprends le piano, la musique classique, les grands compositeurs, certains me laissent de marbre et d’autres touchent le plus profond de moi-même. Mes parents écoutent énormément Bach et les Beatles ; dans mon fantasme d’enfant, j’aimerais devenir soit Glenn Gould soit John Lennon, j’aime ces deux personnages, leurs folies me touche, me parle, je les vois comme des allié de vie, ils m’accompagnent sur les chemins du collège, dans les moments difficiles de la vie. Mais je dois dire que les « Variations Goldberg » qui parait-il ont été composé pour ce monsieur Goldberg qui avait des insomnies, sont pour moi une œuvre magistrale, surtout cette version jouée par Glen Gould en 1981, une version lente, tellement inspirée, où on l’entend chanter. Petit, je pensais qu’il s’agissait du fantôme de Bach qu’on entendait dans ces murmures. J’ai souvent essayé de l’écouter pour m’endormir victime moi-même parfois d’insomnie, mais je dois dire qu’elles ne m’ont jamais endormi.
Carla Bley : Musiques Mécaniques
C’est Remi Sciuto qui en m’engageant pour jouer dans son Trio Wildmimi Antigroove Syndicate, m’offrit cet album (entre autres). J’étais déjà très attiré par le jazz pour grands ensembles, que ce soit les big band de Duke Ellington ou toute la discographie de Charles Mingus, Et là, Je découvre un jazz plus pop, terriblement libre, mais se tenant à une écriture plus « chansons ». Aux premières notes du disque, je me souviens m’être dit, je crois que ce disque va t’accompagner longtemps ; il y a de ces disques magiques qui, en les écoutant pour la première fois, s’agrippent et vibrent dans nos corps, un peu comme quand on tombe amoureux. Celui-ci en fait partie.
Goldfrapp : Felt Mountain
Parmi les disques que Remi, m’avait offert ce jour-là, se trouvait « Felt Mountain ». Je me souviens, il m’avait dit, tu vas voir dans ce disque il y a du mélodica, or à cette époque j’essayais d’introduire le mélodica dans Surnatural Orchestra, dans lequel je faisais mes débuts. Nous jouions à l’époque souvent dans la rue et me trouvait régulièrement à court d’électricité. Ce fut un moment dans ma vie musicale, pas très heureux pour moi ni pour les autres d’ailleurs et Rémi et moi en rigolions beaucoup. Mis à part cette anecdote, j’ai vite identifié ce disque comme un hommage à la musique de Morricone (pour qui je voue un amour infini), bouleversé par la voix d’Alison Goldfrapp, mais aussi complétement subjugué par les arrangements de Will Gregory, c’est une musique éternelle qui, je pense, ne vieillira jamais. C’est plus tard que j’appris que John Parish avait joué quelques batteries et guitare sur ce disque.
PJ Harvey : White Chalk
J’ai véritablement découvert PJ Harvey en rencontrant la femme de ma vie, elle en était fan, nous l’écoutions beaucoup, puis un jour, en rentrant chez Philippe le libraire (une super librairie du 10ᵉ Arrondissement de Paris, mon ancien quartier) il me dit, tiens regarde (car il avait aussi quelques disques), voici le dernier disque de PJ Harvey, il me tend aussi le deuxième disque de This is the Kit « krulle bol », ces deux disques on un point commun, ils sont produits par John Parish. J’achète évidemment les deux et les offre à ma copine pour son anniversaire. White Chalk, est pour moi comme le disque que j’aurais toujours rêver d’entendre, c’est un disque de transition et d’introspection, la voix de Polly y est transformée, les mélodies sont sublimes et les arrangements exceptionels, j’aime sa façon de jouer du piano, elle a parait-il appris à jouer du piano pour faire ce disque, son piano n’est pas virtuose, il est juste complètement ressenti et habité. Un disque que j’ai eu beau écouter des milliers de fois, j’y entends toujours de nouvelles choses.
Jozef Dumoulin is known as a wizard of the vintage Fender Rhodes, pushing and expanding its sonic palette in highly personal, inventive and innovative ways that only a mad sonic scientist like him can imagine. But a couple of years ago a producer and label owner proposed Dumoulin to make an album where he would play piano and the Fender Rhodes. Dumoulin was reluctant at first and thought that reuniting water and fire might withdraw the Fender Rhodes to the limited role of electric piano, but eventually, he liked the challenge. But soon it became clear that his ideas were much more adventurous for the producer.
Dumoulin developed a working method that has been as simple as it has been time-consuming. He recorded Fender Rhodes improvisations and piano improvisations and then took the time to see what piano parts would fit the Fender Rhodes parts. After he established a certain number of compatible pairs, he decided that everything was allowed to make them into self-sufficient, working pieces of music, and added synthesizers, electronic beats, voices, guitar and a lot of field recordings to the mix.
This Body, This Life is an engaging explosion of different timbres and sonorities. The 14 short pieces offer colorful and mysterious walks inside a labyrinthian palace full of magic doors and gates. The music enables a limitless journey through time – as it visits and borrows elements from many musical traditions, from the most minimalist and meditative to the chatty and noisy, but is not bound by any of them and all challenge the concept of actual time – and space – as each piece offer layers of intriguing, sometimes contrasting or subversive sounds. The music feels vivid and tangible, sensual and mysterious, timeless and surprising, and true to the open and inclusive musical vision of Dumoulin. Dumoulin’s daughter, Ayaan, contributed vocals to one of the pieces and did the cover drawing.
Eyal Hareuveni
Avec cette couverture dessinée par Ayaan, la fille de Jozef Dumoulin, on entre déjà dans la fraîcheur et le sourire. La musique de Jozef respire cette simplicité apparente. Elle est complexe, évidemment, mais elle s’impose immédiatement à nous. Par sa sonorité, ses tissages, son ambiance, ses beats. Jozef a tout fait : piano, Fender Rhodes, guitare, voix, programmation, enregistrement sur le terrain. Il est rejoint par Ayaan sur une piste ou l’autre, avec sa voix enfantine pleine de vie. Ce This body, this life est le second album solo de Dumoulin. Le premier, sorti en 2014, A Fender Rhodes Solo, est vite devenu culte. On lui a donc demandé un deuxième, où il mixerait le piano et le Rhodes. « Ma méthode a été aussi simple que longue », explique Jozef Dumoulin : j’ai enregistré des improvisations au Rhodes et d’autres au piano. J’ai fait des présélections pour les deux enregistrements et ensuite j’ai pris le temps de voir quel piano pourrait convenir à quel Rhodes. Une fois que j’ai établi un certain nombre de paires compatibles, j’ai considéré que tout était permis pour en faire des morceaux de musique autonomes. Après tout, j’ai dû réunir l’eau et le feu, ou du moins c’est ce que j’ai ressenti. » Résultat : 14 pistes originales qui vous emmènent en voyage dans des ailleurs temporels et spatiaux étonnants, colorés, éthérés et paradoxalement intimes. Ou, comme dit Dumoulin lui-même, « dans les profondeurs de soi ». J.-C.V.
Met het uitbrengen van ‘A Fender Rhodes Solo’ (2014) trok hij de nodige aandacht. Op ‘This Body, This Life’ gaat hij opnieuw solo maar nu is Jozef Dumoulin wel actief op meer instrumenten.
Naast Fender Rhodes horen we hem op grand piano, synthesizers en gitaar, allemaal aangevuld met veldopnamen en een amalgaam van elektronische ritmen. Werelden die over elkaar schuiven als tektonische platen maar zonder schade aan te richten. Het eindresultaat klinkt als een grote puzzel met uitzondering van echte omkadering. De “shuffle” instelling kan gerust aangewend worden.
Bij elke herbeluistering sluiten sfeerzettingen, beats, electro-effecten, achtergrondgeluiden, stilte (‘Eighteen Chords For An Angel’) en subtiele contrasten (spacy achtergrond versus loungebeats in ‘Social Disdance’!) uiteindelijk toch weer onderling aan.
Een soloplaat maar tevens een soort “family affair” dankzij de medewerking van zoontje Ayaan op ‘Altijd Koko Ziek’. Hij tekende ook mee het hoesontwerp. Welkom in Wonderland Dumoulin.
[ T T T ]
Étant donné qu’il y a un accent grave sur le u de Mù, on n’ira pas paresseusement chercher les analogies avec le fameux continent perdu, qui serait une sorte d’Atlantide gisant au fond de l’océan Pacifique, et dont la brillante civilisation aurait, quelques milliers d’années avant les Égyptiens, bâti des pyramides aux quatre coins du globe. Point de relecture de l’histoire à la Maître Gims ou Lilian Thuram, non, nous acceptons de ne pas comprendre l’énigme proposée par Boris Boublil : il en va ainsi de notre compréhension du monde, pour laquelle il convient d’accepter de ne pas tout piger, tout petits humains imparfaits que nous sommes.
Mù pourtant fait phantasmer : orchestre amical accompagnant notre Boris - par ailleurs musicien pour Dominique A et Emily Loizeau, compositeur pour le cinéma (Derniers remords avant l’oubli, de Jean-Marc Cuillersi) et pour le cirque (Extrême night fever - compagnie Inextremiste), également grand amateur du sécateur des relations humaines Raymond Carver -, il est composé notamment de John Parish (guitares et percussions) et de Sacha Toorop (batteries), figures tutélaires d’un underground rock que l’on ne présentera pas, tant leurs auras et apports respectifs méritent admiration et respect. Avec Csaba Palotai (guitares), Théo Girard (basses), Robin Fincker (saxophone, clarinette), Morgane Carnet (clarinette, saxophone), Jesse Vernon (violon) et Antoine Berjeaut (trompette, bugle – un saxhorn), il est évident que Boris Boublil sait s’entourer, à l’instar d’un Shackleton en quête de terres inconnues.
Entre la corde et le mât, il y a quoi, ou qui ? On pense à Ulysse, parfaitement mis en scène par Waterhouse, qui pour échapper aux si tentantes sirènes à la cruauté sans égale s’attacha au mât de sa Calypso en perdition : ainsi commence 93 Manifesto, sur un lit de cuivres et de cordes mélodieuses à la limite de la dissonance. Et c’est tout un voyage qui commence, entre noise et post-rock, convoquant défunts du folklore mexicain (El Dia de los Muertos) et lacérations soniques, mais également piano jazzy sous perfusion lounge (le cinématographique Piano Tapes, pas très loin de ce que proposait l’excellent Rob) ou dissonance arithmétique d’avant-garde (Basement).
Carton Records (Emmanuelle Parrenin, Belvoir, Balladur) est définitivement un label à suivre et ce n’est pas 93 Manifesto qui va nous en dissuader, bien au contraire. Il y a dans cet album de Boris Boublil : Mù un parti-pris résolument aventureux et néanmoins accessible, en témoignent des arpèges pianistiques à la Clayderman et des guitares western, toujours à propos. Le grand écart entre l’accessible et l’exigeant n’est jamais impossible, à l’instar de ce proposait le Sébastien Tellier des débuts. Un morceau comme Penguins, au kitsch romantique assumé, trouverait tout à fait sa place sur la bande sonore d’un Jacques Demy du 21ème siècle.
Et donc, en onze titres au lyrisme décalé assumé et néanmoins hyper moderne, Boris Boublil : Mù déploie des trésors de trouvailles et d’arrangements malins à la saveur persistante. Franchement, qui peut résister aux glissando d’un accord majeur en accord mineur et vice-et-versa ? Et aux guitares lourdes de Pandora ?
Oui, que de questions, après celles posées en introduction, et celles qui ne se posent pas à propos du titre de cet album, hautement ironique ; en octobre 1914, le manifeste des 93 concernait un groupe d’intellectuels allemands hautement favorables à la guerre, les beaux couillons. Il est évident que l’orchestre de Boris Boublil a choisi des armes qui ne tuent pas, mais enchantent, et en ce sens il est là, le continent perdu, sous nos yeux, depuis toujours : il s’agit de nos cœurs.
https://www.jazzin.fr/boris-boublil-mu-93-manifesto/
Boris Boublil et son collectif Mù ont décidé de ne pas choisir entre rock et jazz pour donner vie à 11 titres très beaux.
Boris-Boublil-93-manifesto Boris Boublil & Mù - 93 Manifesto
Au début des années 2010, Boris Boublil (rattaché au collectif jazz Surnatural Orchestra) a collaboré avec John Parish au sein du collectif rock Playing Carver avant de former il y a peu son groupe Mù. Pour cela, il a rassemblé des musiciens venus de divers horizons : John Parish, Csaba Palotaï, Robin Fincker (Aquaserge, Surnatural Orchestra), Jesse Vernon (This is The Kit, Morning Star), Sacha Toorop (Dominique A, Emily Loizeau), Théo Girard (Trans Kabar), Morgane Carnet (Selen Peacock), Antoine Berjeaut (Surnatural Orchestra).
Boris Boublil a d’abord joué ses morceaux avec son collectif, du côté de Brest, avant d’aller enregistrer au studio Rothschild, près de Cardiff, au pays de Galles, là où son ami John Parish a ses habitudes. Des compositions, qui ont mûri durant des années dans la tête de Boris Boublil, et auxquelles il a fini par donner vie.
Au programme de ce 93 Manifesto, on trouve des musiques riches et intenses, sombres ou joyeuses, qui alternent le chaud et le froid, à la frontière du jazz et du rock. Des morceaux aux accents free, Noise, qui grincent, qui couinent, qui grattent, mais aussi qui caressent ou réconfortent.
En tout cas, un disque qui mérite vraiment le détour.
Oscar Fritsch est la nouvelle tête lyonnaise de l'art rock. il est passé au studio pour nous raconter son travail, et son nouveau projet, A Moment of Absolute Acceptance. Rencontre.
On se repose en France pour terminer la sélection du jour, mais pas question de se poser. Missed Encounter, Snake & Charm est un morceau relativement inclassable musicalement à la croisée des genres et des influences. Mais c’est surtout un morceau ultra prenant, dansant et addictif que l’on a envie d’écouter très fort. La très belle voix d’Oscar légèrement éraillée, qui n’est pas sans nous rappeler celle de Oh Tiger Mountain, étonne sur un morceau électro, pop, rock (oui oui au moins tout cela à la fois), mais se marie parfaitement. Apportant une touche d’émotions à un morceau qui vous donne envie de bouger, de courir, de chanter et de danser (oui oui au moins tout cela à la fois !!)
A rare voice and an innovative arrangement come together on An Ocean to be Conquered. The new release from Oscar Fritsch is a revelation. His passionate emotional delivery embellishes the broken depth of his expressive snarl. Within alternating verses he break boundaries, adding elements of indie rap into his vocal design. The eclectic stylistic soup tastes delicious. We also hear evidence of post rock in the musics dramatic tempo design. An all around a slam dunk release, it will connect with fans of diverse intention, similar to Joji or Car Seat Headrest.
O compositor e multi-instrumentista francês Oscar Fritsch editou recentemente seu álbum de estreia, A Moment of Absolute Acceptance, nas plataformas digitais.
Nada diferente de muitos artistas que preferem denominar seu trabalho como art rock, Fritsch lança mão de experimentalismo sob toques psicodélicos, com fins de traçar um paralelo ao que se passa na esfera pop.
Algumas conexões – influências – se mostram mais visíveis e outras nem tanto, como Black Midi, The Voidz, David Bowie e muito da lisergia sessentista, mas pela “ótica indie”. Nas palavras do artista:
“Se tudo é político, esta obra certamente é. Oscilando entre a desilusão e a luz, em busca de um estado de graça, à aceitação ou à revolta. Estas dez pistas oferecem a oportunidade de construir ou desconstruir para forjar um ideal que, se não for concreto, quase pode ser imaginado. É a resposta irrefutável a todas as perguntas que nunca foram feitas.”
Todas as músicas bem como a parte instrumental são assinadas por Oscar: guitarras, baixo, bateria, sintetizadores, piano, trompete e claro, voz. A gravação e mixagem são de Gabriel Jullieret-Cointet, feitas no Kasanostra Studio em Lyon, França. Já o trabalho de masterização ficou a cargo de Clément Poisson.
A restless dose of off kilter post-punk by Lyon based artist Oscar Fritsch, this is the first single cut from his debut LP ‘A Moment Of Absolute Acceptance’.
Objet difficile à ramasser. C'est ainsi que Cocteau voyait son œuvre. Ce sont évidemment celles que je cherche à débusquer au fil de mes pérégrinations. J'ouvre les yeux, je tends les oreilles, je me lèche les babines, je mets mon nez au vent, caresserais-je un vain rêve ? Alors je laisse de côté ce disque pour plus tard, si jamais me vient l'inspiration. Je le reprends, le repose, l'insère. Ce Gibbon m'aurait-il glissé une peau de banane ? J'ai marché trois jours dans la forêt primaire, emprunté des tyroliennes dont la plus longue mesurait un kilomètre à 150 mètres de haut au-dessus de la vallée et n'ai pas vu un seul de ces grands singes. Mais le troisième matin je les ai entendus, là, tout près, dans la brume de l'aube. Qu'y a-t-il de commun avec cette guitare électrique martyrisée, ces voix dans le radio-cassette, ces effets électroacoustiques aussi décapants que fragiles, cette chanson délicate ? Rien et tout à la fois. Le goût de l'aventure. L'observation des autres, ici un rouge-gorge amateur de farine, une murène, un type avec un drôle de blaze, une fille, et le fameux gibbon qui donne son titre au disque de Tatiana Paris. Les cordes de sa guitare sont frappées comme un cymbalum, le filetage des cordes est gratté, frotté, l'électricité offre la distorsion, ça pince. Pourquoi pense-je à Satie ? Peut-être parce que c'est court, faussement simple. 21 minutes 27 secondes. Pourtant tout y est.
Cult musician Emmanuelle Parrenin: 'I like to dive into the void and invent something'
Philip Bloomfield
The singer and instrumentalist caused a riot at a Clash gig, cured herself of deafness, and, decades on from her debut LP, is an icon to young French producers. ‘I love to discover,’ she explains
“In terms of my career, I only made bad choices.” Emmanuelle Parrenin is discussing the importance of intuition. “But in terms of what I like, I made good choices.”
Intuition has taken Parrenin, now at an undefined point in her 70s, to some remarkable places: from stages with the Clash to deserts in Morocco, and in and out of deafness. Often narrowly described as a folk musician for her role in the revival of French traditional music in 1970s, her career has been an exercise in pushing boundaries – and, indeed, ignoring them – while becoming one of her country’s most enduring cult musicians.
Born into an elite musical family, she still had to find her own way through music. She began playing the guitar aged 15, and was soon kicked out of her religious boarding school for “writing songs about the nuns”. A couple of years later, in the mid-60s, surrounded by beatniks in Paris’s Latin Quarter, she got her first glimpse of a hurdy-gurdy at a concert. “The sound went straight to my stomach,” she remembers. “It touched me deeply, it shook my insides. I said: I want to play that.”
A medieval stringed instrument resembling a squat violin with a hand-crank, the hurdy-gurdy is capable of everything from reedy tones to throaty drones, and is difficult to master. “You want to do one thing and something else comes out, so you have to play with what you get,” Parrenin says. Yet her instrument’s mercurial character matches her own. “It’s like in life: I like to dive into the void and have to invent something.”
Maison Rose, her debut LP, is a swan dive into the unknown. She’d spent the last years of the 60s crisscrossing France and Quebec, tape recorder in hand, seeking to preserve traditional music. By the mid-70s, she was a renowned traditional musician in her own right, touring and recording as part of multiple ensembles.
The 1977 record is at once the culmination of, and the decisive break with, those years. Fed up with singing traditional lyrics about “women suffering”, she looked for a new direction, and working solely with engineer Bruno Menny – Maison Rose’s only outside songwriting contribution is Plume Blanche, Plume Noire by Jean-Claude Vannier, who famously wrote for Serge Gainsbourg – she crafted a psychedelic, ethereal folk masterpiece that still feels suspended outside time.
It seemed as if Parrenin was on the cusp of real fame. Yet folk and traditional music in France had become “cliquey, cloistered”; following her intuition, she drifted into different circles. In 1981, she opened for the Clash at le Zénith in Paris, with an experimental group she’d formed with Didier Malherbe of prog rockers Gong. Although she “deeply admired” the spirit of punk, she couldn’t have been “further from the aesthetic”, as she found out that night. Her group nearly started a riot. “People started hitting each other, blood everywhere.” They abandoned their planned performance and improvised: “That’s how we saved our skins!”
Emmanuelle Parrenin.
Emmanuelle Parrenin. Photograph: Philippe Taka
There’s no document of the concert, but in 2017 French label Souffle Continu released Pérélandra, a set of previously unheard recordings from this era. Parrenin had begun to compose for dance – “it let me use more space, more tone” – and the pieces are dream-like, spacious and spiritual. She wrote music for American choreographer Carolyn Carlson, and even joined her troupe as a dancer.
But in 1993, she was left almost entirely deaf after a “very violent assault”, which she prefers not to discuss. Doctors told her she would probably never hear again. During her recovery, a friend offered her the use of an Alpine chalet in the Haute-Savoie region near Switzerland. “No water, no electricity, and I went there with my instruments.” She played the harp and sang to herself every day, and little by little, her hearing returned, which she attributes to the effects of resonance. Recovered, she “came down from my mountain” and spent the next 10 years working throughout the region as a musical therapist. She studied in Paris (“a waste of time – I learned everything in the field”) and devised a treatment based on her own experiences, maïeuphonie, which she still practises today.
In her absence, Maison Rose acquired cult status, much to her bemusement: “For me, it was forgotten, it was another era.” She returned to Paris around 2001 to find that a new generation of mostly electronic musicians had become enamoured of her music. Among them was Étienne Jaumet of synth duo Zombie Zombie, who would become a close friend and frequent collaborator. “You don’t feel the age difference at all with Emmanuelle,” he tells me. “There’s something very ageless about her way of being, her way of approaching things.”
“I love to discover,” she says, “and I love when people show me things.” Her passion for collaboration has played a major part in her return to music. In 2011 she teamed up with singer/songwriter Flóp and Jaumet to record Maison Cube, her first record since Maison Rose, and in 2013 she joined outsider musician Jandek – “a very simple, nice man” – in concert in Paris, singing as part of an improvised performance.
Her new record, Jours de Grève (Strike Days), was recorded during the French general strikes of 2019 and 2020 with Detlef Weinreich, AKA producer Tolouse Low Trax. Jaumet’s friend Gilb’R, who runs the label Versatile, paired the two up. “It’s the freedom she has in her approach that makes it work,” Gilb’R says, “and also this certain freshness she has.”
Marrying Weinreich’s brooding, artful dubs with Parrenin’s voice and the hum of the hurdy-gurdy, the album is brighter and lighter than expected. Weinreich reveals that she paid him the ultimate compliment on hearing the final mix: “She said she’d never heard anything like this before.” He neatly defines his own philosophy as “everything is danceable” and that seeped into the collaboration, to the delight of both parties. “That’s something I can’t necessarily do with my music,” adds Parrenin, “and I love that.”
Parrenin herself is releasing another record of her own compositions in March (on fledgling Parisian label Johnkôôl) recorded on the fifth floor of an apartment building with just a microphone. “Not the best one … and yet it sounds good!” she tells me, with all the excitement of an artist about to release her first album.
She has never stopped following her prized intuition, she says, “even when I fall on my face”. She found herself in the Moroccan desert as the Covid-19 quarantines hit, the festival she was supposed to play cancelled. She ended up spending a month stranded in a desert camp. “I was the only European, I didn’t speak Arabic, there was nothing.” In her inimitable manner, being caught in a sandstorm becomes terrifying, memorable and a little funny: “I became a sand woman! I went deaf again because of sand in my ears.”
Her friends and family are at times despairing, but unsurprised. “Emmanuelle, you could write a book about her,” sighs Jaumet. “Things are always happening to her – she’s in a permanent state of adventure.”
Jours de Grève is out now on Versatile.