ok | shards @ mowno (fr)
A chaque apparition de Ok, soit à l’occasion de deux Eps sortis en amont, on regrettait tout haut qu’il ne prolonge pas le plaisir sur la longueur d’un album. C’est désormais chose faite: après deux succulentes mises en bouche, le quatuor passe enfin le cap d’un premier long format, non sans s’être imposé quelques changements. Le plus évident, l’abandon regrettable du deuxième batteur qui, autrefois ici ou là, amenait force et originalité aux compositions. L’autre, certainement plus volontaire et naturelle, c’est l’ouverture d’esprit grandissante comme la plus grande maturité d’un groupe dont l’osmose est désormais telle qu’elle lui permet d’élargir plus encore ses influences pour finir par ne répondre qu’au simple qualificatif rock. Véritable dictionnaire ouvert de la musique à guitares, ‘Shards’ puise ainsi dans tout ce qui le tente, de l’indie rock (‘Baked In Clay’) au folk (‘The Gardener’) en passant par le heavy (‘Road’), sans jamais donner le tournis ni oublier de soigner cette sacro-sainte cohérence dans laquelle le quatuor finit par tirer sa personnalité. Au dessus des modes et des tendances, les normands couchent simplement leur inspiration, sans se forcer à convaincre. S’il n’est donc pas certain que tout le monde le suive d’un bout à l’autre de cet opus plus classique que pressenti, ou soit réceptif à ses quelques prises de risque (blues sur le titre éponyme, ou electro sur ‘The Frontline’ et ‘A Drunken Text’), Ok ne se fera pas d’ennemi pour autant. A défaut de livrer l’extase attendue, il fait donc de ce ‘Shards’ un album qui ne peut laisser indifférent. Juste récompense pour qui s’offre un peu de liberté.