Il y a un an, quand Ok sortait son premier Ep, on voyait illico en lui un groupe capable de faire remonter brillamment à la surface de multiples influences nineties, idéales pour qu’il entre dans la ronde du revival actuel. Mais qui dit “revival” ne dit pas forcément “redite”. “Wet”, le nouvel aperçu de ce dont Ok est capable, l’illustre une nouvelle fois magnifiquement tant il transforme les probabilités émises autrefois en certitudes, et nous fait plus encore regretter l’absence totale d’un premier album qui se fait décidément attendre. D’autant qu’il ne fait aucun doute que Guillaume Magne et ses comparses possèdent le potentiel pour aligner une dizaine de compositions aussi intéressantes que celles qu’il a immortalisé jusque-là. Du coup, il faudra encore se contenter de ces cinq titres, les écouter en boucle, se laisser chaque fois impressionner par ce répertoire original et accessible. La preuve avec “Wet” qui ouvre les hostilités en mêlant une cornemuse à son indie pop brute et aride avec la même habileté qu’un Smart Went Crazy qui, à la grande époque Dischord (référence récurente…), préférait l’enrober de son violoncelle. “Hollywood” lui emboite alors le pas, mettant plus volontiers la rythmique à l’honneur en exploitant au maximum les possibilités offertes par deux batteurs livrant avec eux toute l’intensité du titre, des breaks d’une efficacité redoutable, sans jamais faire de l’ombre à la mélodie, toujours maitresse du dernier mot. Signe de sa maturité, Ok ne fait pas de sa particularité rythmique un recours systématique, comme en attestent “Right Away” et “Your Third Strike”, deux balades minimales au beau milieu d’un maxi qui trouve en “To Know” un final moins marquant mais parfait condensé de ce dont le groupe est capable. Il est maintenant grand temps de passer au stade supérieur.
S’ils ne venaient pas de France et n’étaient pas signés sur un label confidentiel (Carton Records), le trio OK ferait à coup sûr un petit carton auprès des amateurs de rock indé et des lecteurs assidus de Pitchfork. Mais l’histoire peut parfois être cruelle et il est fort probable que ce groupe atypique reste seulement confiné à un cercle d’initiés qui savent apprécier une musique qui sait s’affranchir de toute étiquette et de toute frontière. Derrière ce nom à la con (mais en même temps, qui y avait pensé auparavant?) se cache un trio de musiciens ayant joué dans plusieurs groupes pop/rock. L’originalité vient tout d’abord de la formation en soit puisqu’elle comporte un chanteur/guitariste/bidouilleur et de deux batteurs. Originalité renforcée par le fait que les deux batteries jouent des lignes différentes, d’où une rythmique quasi-tribale et complexe. Impression renforcée par un son et une production très brute et rêche (le premier EP du groupe a été enregistré sur un 4 pistes K7), à la limite du lo-fi qui tranche nettement avec la clarté des mélodies imparables, à la limite de la pop que le groupe s’amuse à déconstruire par des expérimentations bruitistes. Le titre en écoute ici (Hollywood) en est un exemple parfait : une guitare acoustique soutenus par une rythmique branlante, un refrain superbe et des bizzareries sonores. Le groupe m’avait déjà impressionné avec son premier EP, ce 5-titres confirme (et plus encore) la singularité de cette formation à surveiller de très près qui sortira son deuxième EP “Wet” le 18 mars sur Carton Records (et avec une date à l’International le même soir). Espérons que le future ne me donne pas raison sur le succès de OK.
Aujourd’hui, après bien des années d’une relation brûlante avec la musique, on a un peu l’impression d’avoir tout entendu. Les nouvelles mélodies sont comme un jus tiède et sans piment. Même si certains morceaux nous étonnent, et d’autres séduisent au premier instant, c’est comme si nous aimions la musique mais ne l’entendions plus. Et puis un matin, au détour d’une pochette cartonnée, trouvée dans sa boite aux lettres, se produit le mystère d’une première fois. La routine de l’écoute explose et l’on reste ahuri devant une suite de notes arrangées pour former une chanson. On écoute WET, le second EP du groupe OK. A paraître au mois de mars sous le label CARTON. Une musique loin des tendances et des collections de prêts à écouter. Comme nous le fait ressentir d’emblée le premier titre WET, emmené par le son d’une cornemuse. L’EP se singularise ainsi par sa richesse instrumentale : batterie "électrique" et batterie "animale", guitares acoustiques, guitares électriques, casiotone, percussions... Et puis il y a cette voix. Douloureuse. Sombre. Aigüe. Quelque part entre Thom Yorke et Nina Simone. Sans que cela ne ressemble à une perte.
En cinq chansons, OK nous propose une musique d’une densité incroyable. Une musique de la terre, parfois ethnique, foncièrement rock n roll et ne dénigrant pas des aspirations pop. La douceur et la souffrance mêlées avec une étonnante simplicité. On n’en a pas terminé avec les battements du cœur.
Le groupe du mois a probablement l’accroche la plus cool qu’on ait aperçu par ici. A la question “Pourquoi ton groupe devrait-il être le groupe du mois ?”, OK répond “Parce que ça défonce peinard ».
Ils font ce qu’on pourrait appeler de la Frolck tellement rock et folk s’imbriquent par moment*. Par exemple, OK a enregistré 3 versions de chaque chanson :
- Guitare sèche trancool, folk à donf;
- Guitare électrique qui pique, rock classique;
- Formation deux batteurs plus un grateux nerveux, frolck qui défonce peinard.
Ca donne parfois du déjà entendu, du rassurant, du (presque) convenu. Et bizarrement, à un moment, ça ne rassure plus, limite ça perturbe. Sans qu’on sache trop pourquoi d’ailleurs.
Le groupe avait un avantage sur les autres groupes de la sélection : 3 membres du jury l’avaient vu en concert. Mais sur les 15 membres du jury, 7 ont spontanément voté pour OK, 5 autres se sont rangés au choix très très rapidement et seul trois jurés se sont résignés.
Bref, un groupe du mois particulier :
- Un groupe dont le premier EP vient de sortir chez Carton.
- Un groupe qui te berce avec des mélodies rassurantes avant de t’asséner un gros coup de double batteries en pleine tronche.
- Un groupe qui mérite d’émerger. Pour pouvoir défoncer peinard à grande échelle.
OK est un trio qui nous arrive du rock avec des envies de changements. D'où cet Ep signé chez les indés de Carton (c'est le nom du label, hein !) qui vise des formats plus pop avec cette idée magnifique de coller à la voix et la gratte, non pas une batterie, mais bien deux ! Du coup, c'est chanson et groove à tous les étages. Superbe comme du Deerhoof, sans les art(y)facts expérimentaux parfois chiatiques. C'est mieux en fait !
Directe et explosive, la musique des OK enfonce quelques barrières, reprenant les choses avant même qu'elles aient véritablement commencé. Ça bouffe, crache et pète le feu.
Et le côté D.I.Y. de l'affaire, cinq titres enregistrés sur un quatre pistes à cassette tout de même - oui voilà... comme un vieux Beatles ! - renforce l'énergie globale du projet. Une énergie qu'il fera bon tester sur scène, ok ?
La série « Bâton », elle, va droit au rock. Sa première livraison, OK, plaira aux amateurs des Who ou du Velvet Underground. Ce trio composé du chanteur et guitariste Guillaume Magne et des deux batteurs Sébastien Brun et Jérémie Piazza, nous emmène sur les routes sinueuses des grands espaces américains. Dans une sorte de brouillard sonore qui évoque Beck, la musique hésite sans cesse entre un folk fragile et les effusions bancales des deux batteries qui faussent les pistes du binaire.
Dans le catalogue de l'épatant label parisien Carton, le trio O K et sa configuration atypique (un chanteur guitariste + deux batteries) ne défendent pas seulement l'idée d'un rock joueur, turbulent et aventureux. Il nous ont aussi permis de découvrir un songwriter d'envergure en la personne de Guillaume Magne, dont l'écriture formidablement inventive ferait sans doute les choux gras de la presse musicale si elle venait de, au hasard, Brooklyn. La preuve par quatre avec cette levée de démos en solitaire – dont le somptueux inédit Your Third Strike –, enregistrées dans l'esprit de la Session Absolue : sur un magnétophone 4-pistes à cassette, au vif de l'instant et dans le plaisir cru de donner naissance à de l'inouï.
« Ok, le trio de Guillaume Magne, guitariste, chanteur, compositeur surdoué d’à peine 25 ans, ma dernière découverte choc. Un power trio à deux batteries pour des chansons rock-folk-hippie électriques en anglais, entre Nick Drake défoncé et Dinosaur Jr. avec la pêche. Jouissif! A découvrir sur scène d’urgence. »
Ce disque semble sortir d’une faille spatio temporelle. Le son y est vintage, et l ‘écriture ne reprend pas l’opulence ("l’ampoulage") que les contemporains peuvent aimer à manier pour émerveiller les adorateurs de la boursouflure. Chez Ok c’est direct, simple, mais bougrement efficace, donc difficile à mettre en place. Les moyens sont à l’économie, et sans tomber dans une lo-fi besogneuse, le groupe radicalise, s’offrant un fruit, qui même , pas totalement mure ne sera pas recouvert de sucre pour le faire passer. Avec trois fois rien, il passe d’un rock aride à un tube presque électro (3), cassant les codes génétiques. Chez Ok on ne frappe pas comme un sourd sur la batterie, on la martyrise en lui assénant des caresses avec des chaines. On ne triture pas les cordes de guitare, on essaye juste de sautiller d’une à l’autre avec des ongles ultras coupant au bout des doigts. Chez OK on ne chante pas vraiment, on demande juste aux cordes vocales de s’accommoder d’une absence totale d’humidité. Le chant y est rêche, le phrasé syncopé histoire de garder un infime partie de sa salive. Sur "5" le chant se fait même touchant, il semble s’autoriser des ellipses fortement généreuses. Ce EP est comme un cri sans son, une exclamation sans point, un cataclysme sans catastrophe, mais surtout une plongée dans les sentiments (écouter "Maureen" et la rechercher partout) sans aucun manque. Pour tenter une parabole, je dirais que OK c’est la rencontre de JSBX avec le Smog de "Sewn to the Sky",une nuit sans lune, dans une boite de nuit aux pbm les plus lents. Un disque en carton, une musique en fer.
Deuxième parution dans la collection Croix-Croix et encore un EP. Cette fois-ci il s’agit de OK, encore un trio mais à la formation bien moins orthodoxe : Guillaume Magne à la guitare, au chant et aux compositions, Sébastien Brun à la batterie et aux claviers ainsi que Jérémie Plazza, également à la batterie. Deux batteurs ? Oui. Même s’ils ne jouent pas systématiquement ensemble.
Question musique cela se corse quelque peu. Omelette Contest, le premier titre, est avant tout un morceau d’indie-pop efficace et sans grandes surprises mais qui permet toutefois de remarquer la qualité du songwriting ainsi qu’un chant nasal et appuyé. Une légère étrangeté s’en dégage cependant, étrangeté que l’on retrouvera un peu plus loin sur un Maureen chargée de discrètes dissonances – un titre qui fera aussi curieusement penser à Red Krayola. Sur A New Morning – le meilleur titre du disque – les sons synthétiques et les boucles font une apparition remarquée alors que OK, plus franchement déhanché, évoque comme une sorte de trip-hop acoustique et tribal chanté par un David Thomas sous prozac. Enfin, The Playground, encore plus mystérieux et envoutant malgré ses passages mi funky ou mi new-wave n’ayant rien à voir et malgré le chant flirtant d’un peu trop près avec un Neil Young dépressif***, laisse augurer que OK est un jeune groupe débordant d’idées pour faire dévier toujours plus sa pop mutante et finalement imprévisible. Une découverte, là aussi.
Aux environs de la quarantaine, il existe un intervalle de temps assez bref où le jeune crétin devient un type ok avant de se transformer en vieux con. Circulant le plus souvent à Paris dans une Opel Corsa, l’individu en question emmène sa femme et ses deux enfants à Megève tous les hivers et en Tunisie tous les étés. Il lit Jean d’Ormesson et Paris Match : la non-vie lui appartient.
Le groupe dont nous vous parlons ce mois ci a beau s’appeler « OK », le choix du nom est un leurre, presque une bonne plaisanterie. Guillaume Magne et ses deux batteurs (oui deux !) – Seb Brun et Jeremie Piazza – n’ont certainement pas le profil des gens ok. Quand on rentre dans leur univers en appuyant sur « play », c’est comme si on poussait la porte d’un vieux laboratoire, un labo sans pipettes et sans fioles mais bourré de quatre pistes cassettes et d’instruments bizarres. Dans la quiétude de leur confinement, ces trois désosseurs de sons bricolent des rythmes qui viennent de nulle part, des petits bouts d’utopies qu’ils exhument, insèrent, agrègent, ressuscitent, on ne sait pas très bien.
Le dialogue des drums duettistes s’apparente en fait à celui que deux habitués d’un café relancent chaque jour à leur table désignée. Comme eux, les deux batteurs d’OK commentent, ils soupirent, ils murmurent, ils s’excitent, ils trépignent, ils fredonnent. De leurs conversations répétées naît un rythme souterrain, un bruissement structuré sur lequel se posent la guitare et la voix de Guillaume Magne avec douceur, comme s’il craignait de les déranger. Étrange tachycardie des profondeurs.
OK rêve. Dans un pré endormi, une vache insomniaque frissonne. Ses pattes enfouies dans l’herbe sentent palpiter en elles les entrailles de la terre. Elle écoute les odeurs et elle respire les bruits. Elle voudrait pouvoir jouer de la cornemuse.
par JDL
Guillaume Magne n’a peut être pas encore conscience de la bonne idée qu’il a eu en 2009 lorsqu’il s’est mis à coucher sur bande quelques-unes de ses inspirations musicales, puis quand il s’est entouré de deux batteurs pour souligner d’un trait franc le caractère rythmique de ses compositions. Parce que si OK est aujourd’hui aussi méconnu que son excellent petit label Carton, le trio pourrait très vite mettre d’accord toute une frange du public rock qui aime entendre se marier l’originalité et l’accessibilité de sa musique favorite. Et c’est justement ce à quoi s’applique le groupe lorsqu’il aligne ici cinq titres efficaces, dont les mélodies et autres bizarreries toujours voilées d’humilité parviennent à lisser une certaine complexité rythmique. Mieux que cela encore, les trois réussissent même le difficile pari de la justifier, comme sur “A New Morning”. C’est justement pour cet entre-deux, ce reflexe qu’il a de toujours écorcher la facilité que OK suscite la curiosité, frustre même en ne poussant pas le plaisir jusqu’à la longueur d’un album. Parce qu’à lorgner vers le rock folk incandescent dont l’Amérique s’est faite maître (”Omelette Contest”), en doublant un jeu de batterie groovy à souhait rappelant les dernières heures de Fugazi (les excellents “OK” et “Playground”), comme en laissant entrevoir une forte personnalité (”Maureen”), on a la quasi certitude d’assister à la naissance d’un grand de demain. L’avenir, d’abord incarné par un premier album pour le coup très attendu, nous le dira…
Avec OK, changement d’ambiance, le trio composé d’un chanteur-guitariste et de deux batteurs (!) arpente le chemin d’un folk-rock typiquement américain. Au début, on se croirait revenir aux années 70 d’Eagles mais, comme on pouvait s’en douter à l’image de ces deux fameux batteurs, le voyage ne sera pas un long fleuve tranquille : ils émanent des morceaux un coup de folie destructrice qui ne demande pas mieux qu’à s’exprimer. A l’instar de The Mountain Goats, le son est outrageusement brut et décalé par rapport aux mélodies naturellement sereines d’ OK (Omelette contest). Avec eux, il y a quelque chose qui cloche même dans les morceaux initialement plus classiques. Sur A new morning, la musique semble être passée dans le prisme d’un remix bruitiste avec un son de guitare dissonant mis en boucle, une batterie schizophrénique et des sons électroniques attaquant le tout : le résultat, s’il déconcerte, ne manque pas de…charme. Sur Ok, Sébastien Brun aux claviers pose un air souffreteux sur une mélodie mélancolique attaquée par des sonorités noise. Là encore, cela désarçonne mais c’est étonnamment réussi. La fin du disque et Playground ramènent OK vers les barbus des seventies mais relookés de manière originale : la mélodie semble avancer par à coups, avoir des ratés (pour un résultat réussi là encore) et s’acoquine avec des sons venus d’ailleurs.