omertà | collection particulière @ musique journal

En ce moment c’est difficile d’écouter autre chose que le nouveau disque d’Omertà

Omertà est un projet initié en 2013 par l’artiste Florence Giroud avec plusieurs amis à elle, qui se trouvent (ou se trouveront) être des membres des groupes Tanz Mein Herz, Société Étrange et France : Pierre Bujeau (guitare et basse), Jérémie Sauvage (pareil), Romain Hervault (basse), Romain de Ferron (claviers et synthés) et Mathieu Tilly, depuis remplacé à la batterie par Jonathan Grandcollot. Un premier disque intitulé Omertà est sorti en 2017, il est formidable mais c’est le deuxième, coédité début juin chez Zam Zam Rec et Standard In-Fi, que je vous recommande aujourd’hui. Je n’arrive pas bien à m’expliquer la beauté bouleversante de Collection Particulière et j’ai eu du mal à me frayer un chemin pour en parler. En fait j’essaie d’écrire dessus depuis plusieurs jours en l’écoutant en boucle, et je ne sais toujours pas trop comment bien le décrire pour vous donner envie de cliquer sur play chez vous, si ce n’est en vous disant que c’est de la musique dont la puissance poétique et tragique me terrasse, tout en me donnant un immense espoir : c’est comme si j’étais enseveli de pétales et de flocons, accablé mais béat, béni.

Dans le package mp3 en vente sur le Bandcamp, on trouve un pdf où Florence Giroud et Pierre Bujeau expliquent l’histoire du projet et de ce disque, qu’ils présentent comme beaucoup plus “pop” que son prédécesseur, qui bouillonnait de possibles et saturait l’air, là où celui-ci semble cultiver une sobriété volontairement contrainte, et dont se dégage une espèce de justesse qu’on ne voit pas venir tout de suite. Par justesse, je ne veux pas dire perfection de la forme ou virtuosité pop, car ce qu’on entend sonne plutôt comme des fragments cousus ensemble, rapiécés à la manière d’une rapsodie grecque – Florence Giroud parle d’ailleurs de “bribes” et de “visions”. Cette justesse serait plutôt de l’honnêteté, de la sincérité, une nudité des émotions et de l’expression : y a que ça, rien d’autre à voir, mais c’est déjà tout, si je puis dire. Ces musiciens habitués à la densité et au débordement réussissent ici à fabriquer une ossature plutôt sèche, qui tient la route malgré les privations, ou disons l’étroitesse du cadre. Bujeau explique que la conception des morceaux commence en général par la basse, mais que les phrases se distribuent ensuite entre les différents instruments, et que pour “atteindre une certaine clarté”, les membres doivent se mettre d’accord sur ces relais en élaborant des partitions – pas des partitions classiques, certes, mais des feuilles de route censées mener vers cette clarté.

Et en effet la clarté advient, mais c’est pas du tout une clarté chiante à la Heidegger, elle est en fait peu lumineuse, comme la clarté d’un pavillon de chasse vide ou d’un appartement de proche-banlieue sans vis-à-vis, l’été. Une clarté avec du dépit, un sentiment de passé mais un passé très vif, un souvenir actif, net et neuf d’une sensation oubliée ou plutôt qui n’aurait pas eu le temps d’être bien éprouvée jadis, et qui retrouve sa chaleur et ses couleurs aujourd’hui. Des couleurs passées intenses dont émane une vie, un groove sans pareil, qui râle et rechigne un peu tout en prenant tout le monde par la main. Une “musique sans référence particulière”, dit Pierre Bujeau, mais ça m’a quand même rappelé pas mal de choses que j’adore, mais plus à l’état d’ombres, voire de coïncidences, comme si elle partageait avec Can, Melody Nelson, Catherine Ribeiro/Alpes ou Tortoise la même “zone de flottaison”, un terme que je mets entre guillemets car c’est Florence Giroud qui l’emploie dans le pdf. L’incroyable force de ces compositions, c’est qu’elles ne citent jamais bassement leurs influences, on dirait presque que c’est un hasard si elles y ressemblent, si elles arrivent dans cette zone : c’est un chemin pris à l’envers par des voyageurs venus de contrées lointaines et plus bruyantes.

Il y a ces musiciens qui jouent avec génie, nuances et amitié, mais c’est Florence Giroud qui de toute évidence fait basculer le disque du statut de “super album” à celui de chef-d’œuvre, de splendeur, de créature si singulière qu’il devient difficile d’écouter autre chose une fois qu’on a plongé dedans. Cette jeune femme est artiste plasticienne, elle fait des sculptures, des installations, et ce qu’elle appelle des opéras qui mêlent éléments visuels, mise en scène, voix et musique : le Omertà de 2017 était justement un volet de ses opéras. Elle a beau dire qu’elle n’est ni comédienne ni chanteuse, sa présence donne l’impression qu’elle est totalement faite pour ça, élue par les dieux de la voix pour parler-chanter sur les instrumentaux de ses camarades. Je ne sais pas comment dire : a priori je ne suis pas très amateur des flows déclamés plus ou moins spoken-word, interprétés voire scandés de façon plus théâtrale que musicale. D’ailleurs Giroud ne fait pas tout à fait ça, disons qu’au début ça peut y ressembler, mais très vite ça devient autre chose, elle sort d’elle-même et du triste spectacle de la performance expressive-subjective pour atteindre en quelques mots un total état de grâce. Dès le premier morceau (le deuxième en fait, puisqu’il y a une intro instrumentale), dès ses premières lignes, j’ai eu en tête les mots qui forment le titre de ce track qui pourtant n’a rien à voir, signé du rappeur français west-coast Alpéacha : “J’arrive classique”. Florence arrive classique, sans doute plus du côté de la Grèce classique, façon oracle de la Pythie de Delphes, mais elle est déplacée au début du XXIe siècle dans une maison du Forez ou un atelier d’école d’art.

Elle se pose très précisément, se place à la hauteur de ses moyens, ne va pas tenter des prouesses vocales de professionnelle mais sait en même temps faire des trucs qu’une pro ne saurait peut-être pas exécuter et elle parvient à faire chanter, faire sonner la voix parlée, sérieusement c’est trop beau de réussir ça. Son flow humble se nourrit pourtant d’impudeur, à la fois dans le propos des textes et dans son rapport au micro, la vulnérabilité qu’elle y engage, et là j’en suis devenu quasiment addict. L’avant-dernier morceau, avant la brève outro, clôt le disque en apportant un tout petit peu plus d’intensité sonore que ce qui précède, avec de la guitare saturée, et sur la rythmique chaloupée en pleine gloire Florence en vient presque à “kicker” sans que ça fasse ridicule et sans même d’ailleurs qu’elle prétende réellement rapper, même si elle place des phases qui à leur manière sont des punchlines : “rien à foutre du bien, j’ai tourné le dos à à mon cul coupable, parfois ça tombe bien”. Sur le morceau d’avant, une reprise très sourde de “Moments In Love”, elle dit aussi (en empruntant ses mots aux Proverbes de l’enfer de William Blake) “la prudence est une vieille fille riche, et moche”, en marquant une pause qui me fume complètement entre “riche” et “moche”.

Je m’arrête là, je voulais parler du disque de Sophie Marceau qui a été une lointaine inspiration de Collection particulière, mais je crois que c’est pas utile. Allez écouter ce disque qui ne plaira pas à tout le monde, qui clivera sans doute une partie des lecteurs et lectrices de Musique Journal, mais qui pour moi est une de choses les plus dingues sorties ces dernières années en France, et qui me rend fier des musiciens de mon pays. Bravo Florence, Pierre, Jérémie, Romain, Romain, Jonathan, Mathieu, je vous connais pas mais vous entendre faire cette musique me fait déjà vous aimer.

omertà | collection particulière @ freq

What an arresting cover, the naked singer holding up the ace of hearts and the inevitable ace of spades, “the most powerful cards in the deck”, as weathered metaphors for the prismed verve contained therein, compass points for the emotional minefield of first love, first heartbreak and the limbo between.

That metered percussive of “Amour Fou” scaffolding those Theseus-threading guitars, that curling theremin-like mirage that glows around Florence Giroud’s vocals. Sung in her native language, lyrically my schoolboy French is missing a lot of the finer details; but boy her voice is lovely, skips effortlessly on through. Kind of half intoned / fluidly spoken, her words indelibly burn, cling loosely to the projected mood, suddenly find themselves pleasantly swept up by those melodic thermals.

A sunny dispersion that sparks in ambering accents and folding contours, throws accelerate on the stippled slap of “Mortel” that sees Giroud’s vocals possessively tumble to glints of “Histoire De Melody” hypnotically caught then bayoneted in sizzling synthetics.

Skulks a hushed seduction on ‘La Chambre De La Fumée Et Des Fleurs’ as that hazy halo of instrumentation licks the word fall, sways smokily to that cellar-stepped bass. A dark delight that leads to “Moments In Love,” a surprise homage to the Art Of Noise original re-constituted with a William Blake twist. Its origins are uprooted to flow more dub-like in a brushed reggae-like elegance spiked in a loose concussive unwind.

Sunflowers a diffusing light that “Kremer & Bergeret” spectrally feasts on in lush spiralling harmonies and elasticated funk, all ending on a Durutti Column-esque high of “Le Magnifique”.

Another priceless ZamZam find for sure.

omertà | collection particulière @ it's psychedelic magazine

Omertà | Interview | New Album, ‘Collection Particulière’

The French sextet is coming back with a second LP entitled ‘Collection Particulière’, with Florence Giroud on vocals, Jérémie Sauvage & Romain Hervault on bass, Pierre Bujeau on the guitar, Romain De Ferron playing synths, joined by Jonathan Grandcollot on drums, recorded by Manu Laffeach at Chaudelande studio in Normandy in 2019 and mixed by Ernest Bergez.

The record is co-released between Zamzamrec and Standard In-Fi, Florence Giroud and Zamzamrec. Newcomers, Héloïse & Olmo talk with Florence and Pierre.

Omertà

“Omertà is a dream world, with moods and feelings swinging, coming and going, like a refrain or ritornella”

When and how did Omertà start?

Florence Giroud: The story begins in the Great lakes area with early rehearsals in 2013, bringing together five musicians to write a full-length album to stand in for the third act of an opera I was working on at the time. The word opera, melding together equal parts sculpture, installation art, performance as well as concerts, delves into a kind of ritual endeavour, meant to be a free-form experience influenced by cut-up and fragmentary composition. From the onset it all comes from a floating world, the unreal, its scraps, visions. Then comes the transformation into written word, images, music, voices, artefacts, becoming lost, becoming tales, in search of a specific language. My sculptures feed on stories and prompt their own sequences, they bring about music, while having no set future, in their essence remaining shape-shifting. Through its instinctive nature, music can focus attention on a certain framework.

I met Romain Hervault in 2005 at the Lyon school of fine arts, then Jérémie Sauvage and Mathieu Tilly in 2007 at the Valence school of fine arts while participating in a workshop with Rhys Chatham. Soon after that, Jérémie asked me to join one of his Accordages among other musicians. On graduation night we had a big party in an old disused railroad tunnel with a bunch of wild bands playing live, there were about fifty of us and it was insanely intense. It’s safe to say I felt that was the start of a family at that point, we often got together for parties and gigs in the Rhônes-Alps area, where I eventually met Pierre Bujeau, Romain de Ferron and Jonathan Grandcollot. I felt naturally drawn to them, we listened to the same things, they felt like kindred spirits whom I could trust to make music with. There is a deep bond between us, not only music and art, we lead similar lives, share essential ideas. Omertà has always been more than a band for me, it’s a love story throughout our best years.

Why is female nudity at the core of your graphic aesthetics? Can you tell us about the artwork for Collection Particulière?

Florence Giroud: Omertà is a dream world, with moods and feelings swinging, coming and going, like a refrain or ritornella.

Excerpt from the text accompanying the first Omertà show:

Following their teenage shipwreck, the survivors of the MSS collide with a beautiful island full of mirages. Having smoked their weight in opium, the crew has nothing left in common with the human species. Among vanishings, time-consuming legends and shape-shifting animals, all against all await the green ray to reach the world’s end, only the world’s end is sun-bleached. You are the ones living Omertà, I am Omertà. Being violated in unusual positions Power is often quiet, very quiet.

At the time we were working on the first record, Jérémie had introduced us to the Sophie Marceau album ‘Certitude’ (one of our culture’s true hidden gems), suggesting we should use a portrait of me for the album cover. From my standpoint that was not an option so I mentioned the existence of photographs I had done, posing for an artist when I was just twenty years old. We had done a series of nudes, shooting in black and white on Hasselblad cameras where I was holding the ace of spades and the ace of hearts, Eros and Thanatos, the picture was framed around my chest, away from my face, square format, basically already an album cover.

I never got these photos like I was meant to, and thinking about it made me want to see them again, get back to them, making me feel like something precious had been taken away from me and that the artist hadn’t been true to his word. We were no longer in touch but I managed to reach him through social networks, with the aim to retrieve the picture and turn it into an album cover. He replied that a fire had destroyed his workshop, he had lost the physical photos and the hard drive containing the digital copies had been damaged. Nevertheless, he promised to send the pictures as soon as he managed to retrieve the data. Some time passed and when I got in touch again I learned of his sudden passing.

The picture was lost and I started thinking about the current artwork, which is a superimposition of a picture of blue agave with artificial lighting (an assemblage from my installation Omertà gave blue where the first Omertà concert took place) and this black and white picture of a nude female chest afflicted with a skin disease, taken by a skin writing artist at the end of the 19th century, an image that had been haunting me for a long time.

I guess the idea of the nude had carried on from my initial research.

Then, about two years ago, I saw on social networks a painting stemming from this photo series, the artist’s daughter had restarted her father’s work, mainly with the aim to settle his accounts and freeze his works. We had just recorded the second album and that revived the hope of doing the album cover from one of these paintings. It was a blown-out version of the photo, marouflage on canvas upon which layers of coloured wax let the image show through through subtle hues shifting with the light. I contacted her explaining the situation to her, she sent me a photo taken from her phone of the only painting in her possession, the others having already been sold, this one being from that point on part of a “collection particulière” (private collection). The wax, damaged by the fire, had melted and blistered, the photo underneath thus re-emerging… that is what appears on the album cover. After laborious communication, we couldn’t acquire a better quality picture.

It took a lot of work and patience to give it its current appearance… thanks to Corentin Perrichot, Samuel Antonin and Lionel Catelan!

How do you write the songs, where and whom do the ideas originate from?

Pierre Bujeau: When music meets lyrics, one can wonder which spawned the other. In Omertà, some of the texts written beforehand shaped the project’s musical environment, then quickly melodies were suggested, without direct relation to the words. Links appear between the two bodies, bringing about seemingly obvious connections. Musically, most tracks were built around basslines, themes that expand as all the band members bring forth their arrangements. There’s a bunch of us and in order to achieve a certain clarity, melodies and rhythms split between the various instruments, a bassline will fade out and make space for someone’s note, synths will complete the guitar line et cetera. In order to remember these fragile constructions, we write them down on music sheets, although ours look more like lifelines specifying each intervention, notated with signs, colours and patterns, sometimes incomprehensible the very next day… Each piece is a rather complicated mental construct.

Florence Giroud: Omertà’s words stem from an intimate collaboration between Raphaël Defour and myself.

Raphaël was the first person I shared my life with, we have shared a lot of ideas on music and writing, poetry in particular. He was a stage actor at the time, stage director, singer too, and wrote all the time inside little notebooks, songs, thoughts, love letters to me. He left his notes out in plain sight and I took subtle pleasure looking for them, reading them, linking them together in order to finally understand a loved one. The mystery remained however, and the ghost of this first love and first heartbreak still lights up my life. A planned edition of his texts and my visuals remains unfinished; though unable to let them go, they became the focus of a first performance in 2010, ‘Arcanum (with love)’ consisting of installations, music and voice, which lead my subsequent endeavours. This appropriation allowed me to accept the pain of separation and yearning, love was not death and kept on existing elsewhere in different ways. Without ever losing touch, we began to communicate through the filter of indirect correspondence, making up stories, allowing us to keep loving each other, exchanging freely and lightly through the most important thing for us, poetry.

Within that vibe, Raphaël Defour wrote the bulk of the lyrics on the first album, around stories of myths and disappearances that we told each other on the island I introduced him to; Corsica. In that specific place, Omertà acts like a form of therapy, unconsciously illustrated by the artwork on the two albums, both the body and the agave bear scars healed by sunlight, despite the passing of time the body is still naked yet protected, the Ace of hearts and the Ace of Spades, the strongest cards in the game.

What kind of ties do you have with pop music and French chanson?

Pierre Bujeau: Most of us have never played that type of music, we mostly come from instrumental music genres. Only Romain de Ferron actually has had experience with pop music, although all of us listen to it a great deal, whether French or international. It was therefore an interesting idea to have a go at this endeavour. Our external viewpoint as musicians lead us toward a music without specific reference, as if we were discovering a new one in which dissonance, chance and amazement, all of which are familiar to us, can as well get along unceremoniously with harmony, obviousness and composition.

In pop music, the language of choice for singing is often English as it is hard to accept other languages in such a standardized genre. Poetry resonates more readily in one’s own language, although one must discard standards.

Florence Giroud: I grew up around both and always listened to, or was exposed to both, a deep emotional bond in my case, as it might be for my generation. There is also something that has always fascinated me about the format, the way songs are built, the way they can make their mark on you within three minutes, put us into previously unimaginable states, such immense power…

The lyrics of Omertà are deeply intimate and often bring forth stories, feelings, experienced emotions, it wouldn’t make any sense to perform them in any other than my mother tongue.

I am neither a singer nor an actress, I am interested in building bridges, letting myself be caught by the music and adding words through my voice the same as a guitar chord, welcoming whatever comes. It’s a simple but very difficult idea, one must be able to accept vulnerability, exposure, awkwardness. The relation to nudity, the voice, and vulnerability touch me a great deal, they are what make us rare and complex as individuals, and through them we get as close as we can to a truth we know to be inaccessible but for a single reflection.

Compared to the previous record that came out in 2014, what has changed?

Florence Giroud: When we resumed working together in 2018, we brought back some old instrumentals with different words by Raphaël, rather unclassifiable stuff. In the meantime, an artist friend, Julia Kremer, had been writing poetry for another project and one of them was interpreted on the song Kremer & Bergeret.

Raphaël heard that we had reformed and sent me three songs he had written back when we lived together and a new one specifically for the record (‘Au Commencement’). ‘Collection Particulière’ is a kind of collage of these different vistas that do not make an organic whole but rather poetic fragments.

The first record was a stand-alone artefact, a world in itself upon which we no longer had control, we just let its follow-up come to us without knowing where it would lead to; a certain desire for “variety” was in the air, I think that we were simply in search of something, taking pleasure in experiencing chance, the unexpected and the unforeseen. The use of fragments allows this disruption of expectations.

Pierre Bujeau: On ‘Collection Particulière’, we accepted and therefore focused on the fact that we were intentionally playing pop music. The recording techniques and the sounds we were after made it possible to reach a certain precision, but the real change came with how we treated the vocals: finally taking lead, powerful, building upon the strength of its instrumental backing.

Jonathan joined us in 2018. His drumming style is fundamentally different from Mathieu’s, who works on variations over long sequences and rejects constraints, whereas Jonathan works in a metronomic style, the blacksmith and the watchmaker.

On the first album, Mathieu played his own home-made percussion whereas the second album sees Jonathan applying himself to a streamlined drumming style. The first album is thus a lot more organic than the second which is more structured.

Omertà | Photo by V. Mare, Paris April 2017

Plans and dreams for the future?

Florence Giroud: Strange but I have stopped believing in the word “Future”, which now seems totally devoid of meaning and life, as if it had been flouted, violated and trampled in the mud. I feel like we have been cheated on this one. The future, just like the past and the present, doesn’t really exist, what matters is to do what we have to do with whomever we like as long as we’re around. There’s six of us and it’s not simple to get together and feel the same desire, which is something we have never plotted, allowing us to keep ourselves and avoid losing a certain truth, if not a certain purity.

parquet | sparkles & mud @ rumore (it)

85/100

Fondato nel 2014 dal batterista Seb Brun, il settetto lionese Parquet arriva all'album di debutto molti anni dopo i primi passi, avendo alle spalle due EP e un album abortito nel 2019, dal cui materiale ha germinato questo strepitoso lavoro pubblicato dalla label francese Carton, Sparkles & Mud, sintesi di più argomentazioni. Elementi electro, techno, noise rock, kraut perfettamente assemblati convergono in questi nove brani strumentali irresistibilmente ritmici, costruiti su intricati moduli percussivi che vanno stratificandosi. Se ci fosse la possibilità di creare in laboratorio un golem interspecie tra Battles, Liars, LCD Soundsystem e El Guapo ci troveremmo davanti qualcosa di molto simile ai Parquet. Pochi album rock hanno saputo coniugare dancefloor e sperimentazione. Questo è uno.

Andrea Prevignano

parquet | sparkles & mud @ blow up (it)

Record of the Month

Sébastien Brun è un batterista francese con una discreta serie di collabo- razioni ma un solo disco personale all'attivo, il curioso, originale e deci- samente ottimo "Ar Ker", di cui scrissi tre anni e mezzo fa su BU#266/267. Adesso si presenta con una formazione a cinque - così nelle foto promo - che promette d'essere la sua di maggiore rilievo; o quantomeno personalmente lo spero, dato che il disco d'esordio è una vera bomba purtroppo ascoltata troppo tardi per la playlist 2023, altri- menti avrebbe presenziato decisamente molto in alto.

Esorditi nel febbraio 2018 con un ep con tre brani e due remix, buono ma ancora acerbo (soprattutto se confrontato con l'album), nella regi- strazione di "Sparkles & Mud" i Parquet sono addirittura in sette - con Brun i chitarristi Julien Desprez, Nicolas Cueille e Guillaume Magne, il bassista Jean-François Riffaud e Clément Édouard e Simon Henocq al- l'elettronica - ma la loro musica secca e scarnificata non dà mai l'idea di eccedere in presenze e suono, tutt'altro. Il procedimento seguito in tutti i pezzi è tanto elementare quanto efficace: individuato un ritmo te- chnoide in quattro quarti che lentamente si sfibra e ricompone seguen- do sottili variazioni e moltiplicazioni, i tre chitarristi, il bassista e i due elettronici aggiungono elementi ritmici geometrici, schizzi di riff, frasi rapide, spunti e sputi di accordi che si reiterano per qualche minuto per poi sparire e riapparire, sempre brevissimi e metronomici, sovrappo- nendosi in una costante tensione minimal-minimalista che finisce per trasformarsi in un esaltante montare di techno poliritmica all'ennesima, devastante prepotenza. Inutile citare qualche pezzo, il disco è un flusso unico in cui potete ritrovare decine e decine di scampoli di tempi e suo- ni che assaltano la memoria: il motorik dei Neu!, le chitarre metalliche e angolari dei Gang Of Four, il basso corposo e legnoso dei Primus, i tra- pani elettronici dei Throbbing Gristle, la techno cangiante dei Carter Tutti Void e qualcosa dei Talking Heads più afrofuturibili (in Mud) tutti insieme in una serie di irresistibili, inarrestabili, estenuanti (è un com- plimento) maratone ritmiche senza plausibili termini di paragone - non ricordo nulla di simile se non, pr certi versi, quello che facevano i mi- sconosciuti L@N alla fine degli anni '90 con risultati però meno 'rock' di questi e più strettamente elettronici. "Sparkles & Mud" è, proprio come dice il titolo, un cocktail di scintille e fango, qualcosa che brilla nella melma, un'autentica meraviglia.

[8.5] Stefano I. Bianchi

parquet | sparkles & mud @kathodik

Nati nove anni fa, grazie al batterista Sébastien Brun, i Parquet si differenziano dagli altri gruppi, perché suonano techno con gli strumenti. Tuttavia, un esperimento simile lo fecero The Dirtbombs nel 2011 con “Party Store”, ma la differenza è che i Parquet non vengono da un background garage-blues, per cui le sonorità sono totalmente pure nel tiro techno e dance.

Una prima versione di questo disco era stata registrata nel 2019, ma è andata perduta durante un furto informatico. Per fortuna che la band non si è data per vinta, così ha deciso di creare una nuova versione del loro album, accettando l’idea che non tutto può essere controllato.

Il disco non è un monolite, ma è molto variegato, inoltre, emergono di tanto in tanto elementi di indie-rock degli anni ‘90, come il d’n’b dell’Intro, che poi evolve, verso l’electro-pop, o gli spunti di math in Miami Vice, fino al noise presente nei riverberi di Brute. Accattivanti poi sono il funky scheggiato e rallentato di Parotia e l’avant-rock di Mud.

Seb Brunparquet, sparkles & mud
parquet | sparkles & mud @freq

The idea of a guitar band reproducing techno is an appealing one and having once experienced Nisenenmondai, that constant relentless repetition is irresistible. Drummer Seb Brun set up Parquet with a similar idea in mind and with Sparkles And Mud, their first long player, he and the group are off to a fine start.

Each member places a simple idea or pattern, be it one-note guitar spatter or a thick bass riff; and like nuclear fusion, the thing starts and begins to unfurl, elements dipping in and out, propelled ever forward by the elegant drumming. The listener’s tension is built as we wait for the subtlest of changes; a cymbal may suck in a breath or the guitar starts a faltering run at odds with the prevailing momentum and slowly but surely the landscape changes. What works beautifully here though is the group’s love of groove shines through when least expected, rendering everything dancefloor-ready and hip-shakingly sweet.

slightly discordantTechno bass riffs merge with air-raid electronics and elevate the drama; and if the band feel that enough has been included in a track, they are not afraid to tear it down and start again, fully understanding the sheer teasing joy of repetition with even Seb adding texture to ensure the right consistency. The interplay of guitar and bass is great, and the way they play around one another as the two very different sounds merge into a slightly discordant whole evokes images of that couple who finishes one another’s sentences but where the sentences never end. Suddenly, a spy film riff appears and the crackle of static introduces pure NY punk-funk, the beat shuffling in and out of focus, even embracing broken breakbeats stripped down.

gaseous synthAll of the nine tracks here are built from different foundations, aiming for some sort of nihilistic endlessness, be it saw like guitar sounds and muffled motorcycle bass or gaseous synth textures against half-conscious four-to-the-floor beats. Each part of the mosaic is artfully installed and then subtly enhanced, ceding precedence to other players, not for solos but for a magnifying of the simplicity of the element. The purity of the vision is dazzling, with an alien take on slap bass funk surprising in its lost in translation funkiness. The end result certainly moves the hips, but it is almost by stealth; before you realise it, the toes are tapping.

Elsewhere, a harsh, clashing intro with guitars vaguely off-key revels in some textured feedback that that is the only diversion from the perverse insistence and the whole thing in its sheer spartan simplicity is utterly compelling. Drumless breakdowns segue into more meditative sections, with whoever is overlaying the electronic textures having a whale of a time, the squeezing of a thousand mice being the only parts not intent on the track’s kinetic energy.

techno by a post-punk bandWhoever imagined techno by a post-punk band with a funk bassist and electronic sound artist need look no further. Parquet have done a fantastic job of editing the album so that it runs almost like a mix, a relentless hour or so of slowly consuming waves of sound, a dichotomy of change and stasis where the simple haunting figures ally with the ever-present heartbeat at the base of all things.

Sparkles And Mud is just great and a late contender for album of the year. Well worth the near ten year wait.

-Mr Olivetti-

Seb Brunparquet, sparkles & mud
tatiana paris | gibbon @citizen jazz

Gibbon est un omni, un objet musical non identifié. En l’écoutant, on ne sait trop s’il est l’œuvre d’une guitariste, d’une chanteuse, d’une plasticienne sonore, d’une poétesse. Un petit peu tout çà à la fois, sans doute, et peut être plus encore. Ce que l’on sait en revanche c’est qu’il est l’œuvre de Tatiana Paris, musicienne quarantenaire basée à Tours que l’on a pu récemment entendre dans le Red Desert Orchestra d’Eve Risser. Gibbon est un solo pour guitares, objets et cassettes. Tatiana Paris bricole et collecte des sons qu’elle passe à la moulinette de son imagination foisonnante. C’est à la fois brut, minimal et très poétique. Avec toujours beaucoup de cœur à l’ouvrage. Sincérité du geste musical. Le disque est court (sept titres pour à peine 20 minutes). Et alors ? C’est un concentré de plaisir. Une perfusion d’adrénaline. Puissant et addictif. Vite la suite.

Seb Bruntatiana paris
parquet | sparkles & mud @front view

In Parquet's music, indeed, everything is a matter of timing: the moment when the sound strikes the listener's heart, the moment when the element of surprise makes them lose their footing, the moment when the rhythm catches them at the edge of the abyss before they get lost.

Since its inception, the project has aimed to provide a personal interpretation of electronic music, reconnecting with a certain physical experience of sound—the timeless trance that governs much of what exists outside of commercial music. While Parquet is a true war machine in concert, proven in various contexts, it truly excels in the middle of the night, on the techno battlefield, when guitars and drums play the role of surprise elements for the ravers.

Taking Parquet music out of its relationship with the audience, its physical presence on a dance floor, was quite a challenge. The group took it on by seeking to transcend the pursuit of virtuosity and the dictatorship of pure technical execution. Sliced to the core, Parquet's stems act on the record like the waves of a tsunami. If they appear to decrease in intensity, it is only to create ruptures, breaks that precede the explosion. Like a sonic monster that leads to ecstasy.

A first version of the album, recorded in 2019, was lost during a computer theft. The band, being philosophical, set out to create a new version of their album, accepting the idea that not everything can be controlled. It is this sense of letting go that permeates the tracks of this album. Far from showcasing technical prowess or even a form of devotion to analog, the components of these songs seem to live their own lives, assembling and colliding in an almost mystical relationship, where the musicians are both conductors and toys of the music they create.

Far from being a monolith of power, this new Parquet album is, above all, a story of convolutions and tremors. It transitions from organic techno infused with noise rock (Brute) to arid and mathematical avant-rock (Mud), from electronic music tinged with industrial and kraut influences (Tahiti) to a minimal noise epic (Puppet). However, it would be a shame to consume this album in arbitrarily divided fragments, as it is as a total and compact sonic object that it fulfills all its promises and delivers all the slightly mad secrets hidden within its interstices.

Parquet explores the concept of states, both physical and psychological. These are often reached at the end of an evolutionary and diffuse process

Seb Brun
parquet | sparkles & mud @bluesbunny

So, there you are minding your own business when you get hit by some French band doing the avant rock thing with a dash of the four on the floor dancefloor thrown in and, if you look at the label on the rock filled tin that just bounced off your head, then you will see that the album is called “Sparkles & Mud” and the band is called Parquet.

There are no words - of course – so it is all in the beats and the rhythm and Parquet - Seb Brun, Nicolas Cueille, Guillaume Magne, Jean-François Riffaud, Simon Henocq, Clément Édouard, and Julien Desprez - lay down some downright neo-industrial rhythms. Their musical sensibilities do also suggest a familiarity with the electronically enhanced rigidity of the dancefloor of the nineties but this isn’t disco as much as the ghost of techno after said ghost has gone for some serious music lessons. This album isn’t therefore the work of a sequencer and a drum machine as, despite the use of repletion to reinforce the sonic impact, everything seems far too urgent to be the work of a computer with those angular post punk guitar motifs providing the punctuation that makes it all artistically accessible.

There isn’t emotional subtlety or, indeed, even disguised sensitivity for it is undoubetdly the Parquet way to turn songs into metal clad sonic trains that aren’t going to stop until they get to their destination. That’s an almost academic approach to music making yet it is also one that makes both mind and body move and, as the style setters might say, this album goes straight from dusk to dawn.

parquet | sparkles & mud @les oreilles curieuses

On continue notre saga des fusions musicales qui font du baume au coeur avec Parquet. Il s’agit d’un quintet français prêt à bousculer les codes de la scène musicale avec leur techno-noise organique teinté de rock expérimental. Cette fusion a fait effet avec leur premier EP paru en 2017 et l’heure est venue pour eux d’enfoncer le clou avec leur premier long-format tant attendu du nom de Sparkles & Mud.

Imaginez une fusion entre La Jungle, Everything Everything et MadMadMad sans les superflus noisy et psychédéliques de ces formations. Vous obtiendrez la musique cérébrale et effervescente qui s’habille sur ces neuf manifestes musicaux absolument percutants dont une introduction aux guitares qui transpirent au bruit des machines tonitruantes ainsi que « Brute » aussi bien abrasif que cosmique et les envolées soniques du groovy « Speedrun ». Telle est la formule gagnante de Parquet.

Et ce n’est que le début car Sparkles & Mud regroupe différentes influences musicales entre math-rock, IDM et post-punk. Cela donne des moments riches en sensations fortes à l’image de « Mud » ou bien également des moments racés tout en finesse comme « Manaquin » et « Tahiti » aux structures bien hachées prouvant que Parquet sait nous ensorceler sans jamais tourner en rond. Nous mettant en transe sur les derniers morceaux que sont « Chordata » et « Parotia » absolument dépaysant et oriental, on apprécie toute la richesse et la complexité de ce premier album distillant tous les styles que le groupe sait maîtriser à bon escient.

Note: 8/10

borgueful | horst @le petit faucheux

Borguefül évoque les pierres, le vent, les montagnes, les failles, les monstres, dans une langue autre, organique. En se réappropriant un patois de Haute-Loire, ses syllabes étranges, ses dissonances, son rythme, Mélanie Loisel nous raconte les sensations et les émotions d’une langue entendue dans l’enfance. Le son de la contrebasse, jouée principalement à l’archet, s'y développe dans sa multiplicité : fragments mélodiques et rythmiques, altérations de timbre, distorsions de textures, vibrations profondes. Du souffle et parfois du silence. L’atmosphère des morceaux rappelle les musiques traditionnelles, colorées de jeu contemporain voire bruitiste et de jeu classique. Contrebassiste rompue à l’exercice de l’improvisation libre, Mélanie Loisel s’aventure depuis plusieurs années dans différents territoires artistiques. On a pu la croiser dans le trio néo-folk Parlegast va Grantaleure, dans le concert rituel “Au seuil” créé avec la soprano Mathilde Barthélémy, au sein des compagnies Möbius Band et Oculus ou encore aux côtés du duo GRANDE. Son album 'Horst' sortira au printemps 2022 sur les labels Pagans Records et La République des Granges.

Seb Brunborgueful, horst
parquet | sparkles & mud @muzzart

Parquet, c’est de l’obsession. A foison. Un bordel de sons, de rythmes, d’union basse-batt, de guitares et synth-bass qui brodent des canevas-tournis. Sparkles & Mud, le premier LP de la clique où festoient seb brun (composition, drums, electronics & post-production), julien desprez & nicolas cueille (guitar), guillaume magne (guitar), jean-françois riffaud (bass & synth bass), clément édouard (electronics) et simon henocq (electronics & post-production), percute nos résistances dès ses premiers soubresauts, ouvert par ce Intro qui lentement, finit par vivement filer. Il se pare de riffs qu’on dirait détournés (avec Parquet on ne sait plus), crache une techno-noise que La Jungle aurait certainement approuvée. Ca groove chantmé, ça pourrait virer tribal mais ça reste Parquet, accrocheur jusqu’aux dernières heures. C’est plus une Intro, c’est un manifeste. On transpire, et sûrement pas pour le pire. Les guitares saupoudrent, magistrales. Brute, aussi cosmique que traçant, n’envoûte pas moins. Chercheur ès sons Parquet, inspiré, réitère ses nappes, ses montrées, ses flux jusqu’à te les faire bouffer. Ainsi Speedrun, ponctué par des secousses tarées, vrillé, pas loin du funky, glisse t-il dans ton gosier. Sparkles & Mud pulse de partout, trace une sarabande sans creux ni faute de goût. Il est sonique, supérieur à tous, là il breake en faisant dans le nébuleux. On ne s’y oppose pas, il vainc de suite et enchaine comme à la parade. Sans en faire (de parade), trop authentique pour taper l’esbrouffe. Miami Vice, sur plus de sept minutes que je ne peux clairement définir, frappe très fort. Parquet met le paquet, j’ai reçu le skeud en 2 exemplaires et c’est pas pour me déplaire; l’un chez oim, l’autre dans la charrette, Parquet me suit partout. A part au taf, sont trop coincés pour se taper Parquet là-bas. Mud leur ferait peur, trop psychotrope pour les esprits étriqués. Trop agité, trop différent, trop tout pour ceux qui n’osent pas. Parquet, c’est de niche. C’est pas pour les riches. Ca défriche, c’est pas de la triche. Manaquin, en stridences hachées, force la porte à son tour. Ce disque est une tuerie. Même sans voix, il laisse bouche bée. Tahiti, plus retenu (quoique…), fait dans l’insidieux. Il hypnotise. Sparkles & Mud dépote. Il laisse, ça et là, filtrer des bruits tout droit sortis de ses doigts. En marge, à l’orée, loin du consenti. Le morceau accélère, on le suit avec jubilation. Ah nan j’m’ai trompé, c’est celui d’après. Chordata. Ca fait rien, il excelle tout pareil Mireille! Feu d’artifice, l’album se danse jusqu’à tremper la chemise. Il prend fin avec Parotia, suite à l’emportement du Chordata cité ci-dessus. Un ultime track lancé par des sortes de riffs secs, vagues orientales(?) en bordure, voyageur et dépaysant. Il semble s’arrêter, s’engourdir, mais ne fait au final qu’enfoncer encore un peu plus ce Sparkles & Mud, éblouissant, dans nos ressentis en pluie de plaisir. Excellentissime.

parquet | sparkles & mud @a découvrir absolument

Cela commence souvent de la même manière. Un mail du label, du groupe ou de la promo avec un lien d’écoute. Invariablement, je demande un lien de téléchargement surtout quand la phrase d’accroche du mail est celle-ci "un groupe assez fou qui joue de la post techno/math rock complètement psyché.". Là, je télécharge, comme souvent, je refais les tag, ensuite, je m’installe, casque sur les oreilles et Macbook sur les genoux. Confortablement installé (avec un plâtre, c’est une obligation.) une boisson chaude à proximité et du chocolat noir dans les parages, il sera alors temps d’appuyer sur le triangle qui pointe vers la droite en n’oubliant pas de mettre le son le plus fort possible. Et là ce qui devait arriver arriva. Le fil du casque se mit à rougir, le canapé sur lequel je suis installé escalade les barreaux de l’échelle de Richter, et mon corps, pourtant bien abîmé, demande de retrouver une autonomie totale, se déconnectant du serveur central pour faire corps pendant 70 minutes à cette musique. Les neufs morceaux qui oscillent entre 4 et 10 minutes poussent à l’extrême ses idées sans jamais toucher les points névralgiques de l’ennui ou du trop-plein façon M. Creosote dans le Sens de la Vie. Il y a dans cette démarche artistique (on est ici autant dans la création musicale que dans l’acte conceptuel.) quelque chose d’une fraîcheur non-commune, comme un retour au plaisir primaire du jeu, poussant les combinaisons et les rythmes pour réaliser des sculptures sonores addictives et déroutantes. C’est en allant plus loin qu’un format restreint (on pense aux divins Liars dans cette prise de direction.) que Parquet trouve son territoire, multipliant des zones de contacts de frictions pour un festin sonore et musical poussé à son paroxysme. Si Eddy Mitchell dans un écart de sénilité pense que les Stones et les Beatles ne swinguent pas, je ne saurais trop lui conseiller ce Sparkles & Mud, même si chez lui le cerveau est déjà déconnecté et que le corps ne pourrait pas suivre. Dément.

parquet | sparkles & mud @mowno

De tous temps, il y a toujours eu quelque chose de fascinant à voir les musiques électroniques venir jouer des coudes avec le rock, que ce soit par l’intermédiaire de producteurs assez habiles pour imprégner leur electro de l’énergie des guitares, ou de groupes capables de retranscrire par leurs instruments la relation physique que le corps peut entretenir avec la musique. A l’instar récemment de La Jungle, en moins noise, de Electric Electric, en moins expérimental, et de MadMadMad, en moins psyché, Parquet l’a parfaitement compris. Aussi à l’aise sur une scène dont la taille lui importe peu et qu’il transforme illico en club, que dans une rave party dont l’assistance se retrouve soudainement grisée par la présence d’instruments, le quintet transforme l’essai d’un Ep prometteur sorti en 2017 avec un premier album qui pousse son mélange de techno abrasive et de rock expérimental à son paroxysme.

‘Ce qu’on met en avant, ce n’est pas ce qu’on fait, mais quand on le fait’ avance le groupe dès lors qu’il aborde l’essence de sa musique. Et pour cause, il ne suffit pas de confier les rudiments de l’electro aux mains de musiciens live pour que le tour soit joué. Contrôler l’auditeur, jouer avec son ressenti et ses émotions, provoquer une transe jusqu’à le télécommander et le faire lâcher prise à la faveur d’un beat, d’un groove sec ou de riffs demeure nettement plus intéressant, et c’est justement ce dont est capable la machine de guerre Parquet. Encore fallait-il à réussir à coucher cet indéniable savoir-faire au creux de sillons pour rendre l’écoute domestique toute aussi fascinante.

En neuf coups de latte bien poncés, Parquet passe ici haut la main l’étape cruciale du studio et évite le piège béant du ‘bon petit groupe à voir en live’. Rondement mené, et avec juste ce qu’il faut de relief pour servir autant sa cause que sa musique, la formation opte pour une apparente simplicité derrière laquelle se planquent une multitude de détails, le tout avec une production et une spontanéité qui laissent opérer la magie jusque dans notre salon. Difficile en effet de ne pas sentir ses cervicales se mettre machinalement en branle dès le disque et son intro de huit minutes lancés. Alors, comme aimantés par la batterie du solaire chef d’orchestre Seb Brun, tous les éléments de l’univers Parquet apparaissent, évoluent, vont et viennent au gré des envies, des humeurs et des besoins; se superposent, se dissocient, ou se complètent au gré de musiciens tirant chacun leurs ficelles, tels d’habiles marionnettistes dont nous serions les jouets.

Accessible et digeste mais toujours imprévisible, le groupe s’est laissé le temps de murir pour s’extraire des clichés et se montrer efficace en toute circonstance. Massif quand il opte pour l’intensité du noise rock (Brute) ou la finesse du math rock (Mud), flottant dès lors qu’il fait respirer ses compositions (Tahiti) ou ralentit le rythme, Parquet fait de Sparkles & Mud un parfait compromis pour ceux qui n’ont jamais pu choisir entre l’énergie du rock et la transe de l’electro. S’abandonner au plaisir plutôt que se morfondre dans un quotidien suffocant, rassembler plutôt qu’opposer… Sans même en être conscient, Parquet vient peut être d’accoucher là d’un excellent remède à notre société plus que jamais moribonde.

parquet | sparkles and mud @goûtemesdisques

Ok, disons le comme on le pense : c'est rien de moins qu'une petite claque dans la gueule qu'on s'est pris ce matin en ouvrant (en retard) un mail vantant les mérites d'un groupe du nom de Parquet, et qui apparemment serait sur le point de sortir son nouvel album, Sparkless And Mud - c'est pour le 27 octobre sur Carton Records.

On a eu la chance de l'écouter (un lien privé nous a été offert, et ouais, on est bénévoles mais on ne fait pas ça pour rien), et c'est rien de moins que l'une des meilleures choses entendues et écoutées en cette année 2023. Une preuve, pour patienter ? Pas de souci, voici "Miami Vice" et sa rythmique irrésistible.

balladur | pourquoi certains arbres sont si grands ? @ libération

On se souvenait de Balladur avant tout comme d'une expérience scénique rebondissante, deux hommes de part et d'autre d'une table pleine à craquer de machines domptées pour faire danser, parfois dub, parfois Devo, rivalisant d'inventivité pour créer des boucles et les abîmer aussitôt alors qu'ils auraient pu rester barboter dans le post-punk efficace de leurs débuts. Dix ans déjà pour ce duo qui ouvre grand les bras à l'indolence. Sur des instrus capable de sublimer la plus infâme des trompettes en midi, on déjeune en italien, on reste couché pour se «saouler de printemps», on pense au temps gâché, on s'abandonne à la mélancolie en retrouvant l'affiche d'un concert raté. Et pourtant, on avance.

MARIE KLOCK

BALLADUR POURQUOI CERTAINS ARBRES SONT SI GRANDS? (Another Records/Le Turc mécanique/ Carton Records).

balladur | pourquoi certains arbres sont si grands ? @ à-découvrir-absolument

Je me sens un peu triste : c’est à cause de Balladur. J’aurais jamais pensé écrire ça un jour. Rien que pour ça, merci à Pourquoi les arbres sont si grands ? Balladur (le groupe) nous rappelle que oui, certaines époques sont maudites. Certains moments du cinéma italien sont grands, chiches, certains paysages sont beaux mais pauvres, pauvres, tristes à se jeter dans le ravin. C’est notre lot à toutes et à tous aujourd’hui : ruptures sentimentales, inflation, pauvreté, temps de chien, dépression, isolement… « Tu sais, tout part à vau-l’eau, alors autant prendre le large » propose d’ailleurs le chant à l’auditeur.

D’où vient ce nom de groupe ? D’où vient ce groupe ? D’où provient l’inspiration des mélodies de ce groupe ?

Autant de questions qui ne trouveront ici aucune réponse. En revanche, dès l’introduction instrumentale de Pourquoi certains arbres sont si grands ? on perçoit un soupçon de variété (du Michel Berger) chez Balladur. Et par la suite, une certaine mélancolie s’installe.

Des rythmes plaqués au synthé, des chants/choeurs masculin/féminin, des percu étonnantes, des sons intrigants. La réussite de Balladur, ce sera peut-être de nous faire flipper alors qu’on était juste partis se balader au soleil, peinard(e). Grand soleil, glaces au frais, claquettes flashy et boule d’angoisse.

À chaque fois, sur chaque morceau - justement parce que les ambiances sont variées - on sent l’attrait pour l’expérimentation et le goût de l’expérience musicale. Ces balades avec Balladur, elles ne sont pas comme les autres. « J’ai revu cette affiche de toi, de ton dernier concert (…) personne à qui parler, et c’est toujours comme ça. » Le clavier dément la nostalgie qui se dégage de ces textes, car il est fun : le clavier vient des îles, il donne envie de rigoler.

« Souffler un instant, tout ça n’existe plus pour nous car t’es déjà parti(e) ».

Gwendoline fait le même effet, Elli et Jacno aussi. C’est pas drôle, pas drôle du tout la vie. Balladur a sans doute raison de nous le rappeler, sifflet de garde-champêtre et boucles à la clé. « Y a vraiment tout à jeter ». Ouh la la mais qu’est-ce-qui nous arrive ? Le monde ne va vraiment pas bien, c’est un peu vache.

balladur | pourquoi certains arbres sont si grands ? @ musique journal

Amédée de Murcia et Romain de Ferron sont deux musiciens talentueux, inspirés, et très occupés. Parmi leurs multiples alias et collaborations (chez Omertá par exemple, encore, ou récemment avec Zone Bleue dont Loïc vous a parlé avant l’été), j’ai toujours eu un gros faible pour Balladur, débuté comme une espèce de pastiche cold wave et devenu au fil des albums un invraisemblable attelage pop qui se surpasse à chaque sortie. La règle se vérifie encore une fois avec ce nouvel album, et pour aller vite, “Ça m’a tellement manqué” et “Ma Dai” sont les deux immenses chansons qui manquaient à votre début d’automne. [HL]

balladur | pourquoi certains arbres sont si grands ? @ muzzart

Duo de Villeurbanne, Balladur n’emprunte aucune direction dominante. Si j’ai, mea culpa, oublié ses précédents efforts, je me souviens que ce fut bon. Sans, je le regrette, me souvenir du contenu. L’impression fut toutefois favorable, elle le reste sur ce déstabilisant Pourquoi certains arbres sont si grands ? qui de suite, déroute en recourant à l’Italien (Pranzo con noi, obsédant de par ses notes uniques répétées et bien enrobées). Là où on ne l’attend pas, Balladur trouve son rang. Si ce titre « ritalisant » se veut vaguement new-wave, on le qualifiera surtout de Balladurien. Au sens non-politique du terme, bien entendu. Il succède à une intro selon moi dispensable et, indiscutablement, donne du cachet à l’opus. Ces Affiches de toi, pas plus nommable stylistiquement, tout aussi notable néanmoins, joue une trame ludique, soniquement déviante, que le chant éclaire tardivement. Verdict? Ca passe crème frère! Ça m’a tellement manqué, électro enfin peut-être, exotique, groove et fera remuer les croupes. Balladur, et ça lui fait honneur, innove et se place en marge. Il y est bien. Interlude est bref, psyché, puis Ma Dai insinue un peu le même trip que Ca m’a tellement manqué.

C’est surtout Balladur, en l’occurrence, qu’il importe de ne pas manquer. Son Les oiseaux, joueur, agité, finaud aussi, tranchant et réitératif et même que c’est une bonne idée, l’avantage à son tour. C’est la saison de l’amour, d’après Balladur, se décline dans le vent, pop tordue, géniale, addictive sans en avoir l’air. La paire crée, à gogo. Légère ou plus tapageuse, elle n’a de cesse de fuir le tout tracé. Ses envolées synthétiques, simples et décisives, parfois incisives, dans quelques recoins rêveuses, font largement le taf. Et plus que ça. Lunaire, à part et imaginatif, Balladur mérite nos hourras. C’est sur Final, soporifique mais simultanément accrocheur -parce que soporifique, et ouais gros si si la famille c’est possible!-, que son histoire -de vie- se termine. Elle le voit s’illustrer, se perdre (volontairement) en chemin sans perdre le bénéfice, en revanche, de notre franche approbation. Balladur sortant grandi, à l’arrivée, d’un effort aussi grand que les arbres dont il questionne la taille dans son intitulé.